Si j'ai skié seule pendant cette semaine à l'Alpe d'huez, et exploré une bonne partie du domaine skiable, j'ai également pas mal regardé (photographié, filmé) mes enfants lors de leurs cours, et skié avec eux à l'heure du déjeuner et en fin d'après midi. Du coup, pour ce que ça vaut, mon expérience du sujet :)
Le téléski
Les moniteurs de l'ESF vous le diront, ne prenez pas votre enfant entre vos jambes au téléski, celui-ci ayant ensuite une nette tendance à refuser de le prendre seul pendant les cours. Les enfants sont retors, ne l'oubliez pas ;) Pour ma part, étant seule avec les deux, le grand n'a pas eu le choix, ça a été direct seul, ma foi sans casse, il n'est jamais tombé de toute la semaine. Pour le plus petit, j'ai commencé par faire deux montées avec lui confortablement assis sur la perche, tandis que moi j'étais pliée en deux, me tenant à la seule force d'un bras et craignant de lâcher à tout instant. Une véritable torture pour le dos, les jambes, et les bras... qui m'a vivement incitée à le laisser monter seul la troisième fois. Il est tombé à dix mètres de l'arrivée, et ce fut la seule chute de la semaine (enfin, sur une remontée mécanique !).
Au fil des jours nous avons quitté ce téléski champion du monde de lenteur pour en tester trois autres, l'un au départ fulgurant, l'autre très long, et le troisième avec un tournant abrupt. Zéro chutes, et même Pitchoun #2 ne tenait plus la perche lors des dernières montées (pour avoir l'air plus cool, enfin, j'imagine !)
J'ai vu des parents prendre toute la semaine leur enfant entre leurs jambes alors qu'eux étaient confortablement tractés par la perche, et je n'ai pas de doutes sur le fait que plus on le fait longtemps, et plus c'est difficile de convaincre l'enfant de se lancer seul. Mention spéciale au papa qui apprenait à skier à ses jumeaux, et qui montait systématiquement avec un petit bonhomme devant chaque jambe. Synchronisation exemplaire à l'arrivée, je ne l'ai jamais vu faire le grand écart ;)
La descente
Là encore, étant seule avec les deux, après une demi-journée de cours seulement, et une vague base de "chapeau pointu" d'installée sur Pitchoun #1, nous voilà lancés sur les pistes. Je vous rassure, c'était sur la piste la plus lente de la station, avec une neige collante qui formait une sorte de frein naturel. Pitchoun #2 était au bout du bâton, Pitchoun #1 livré à lui-même.
Je n'ai pas été convaincue par le fait de skier avec le petiot accroché au bâton, déjà parce que ça ne l'incite pas à se donner du mal (pas besoin de se fouler à faire du chasse neige, c'est maman qui freine), et que c'est quand même très casse-gueule, avec le risque en tombant l'un sur l'autre de se blesser plus sérieusement qu'en tombant seul. Mais surtout, l'apprentissage du ski, c'est finalement d'apprendre à skier en contrôlant sa vitesse. On va tout doucement au début, on vérifie qu'on sait freiner et s'arrêter, on accélère un peu, on vérifie à nouveau qu'on sait freiner et s'arrêter... et ainsi de suite. Si vous descendez des pistes avec votre enfant accroché à votre bâton, il s'habitue à descendre vite et bien, alors qu'en réalité il ne maîtrise rien. Il a de bonnes sensations, mais il n'apprend pas à sentir s'il contrôle ou non sa vitesse... avec tous les risques que cela suppose ensuite lorsqu'il voudra retrouver, seul, les mêmes sensations, parce que oui, la vitesse, c'est grisant.
J'ai donc cessé dés le deuxième jour de tenir Pitchoun #2, je skiais derrière lui ou à ses côtés, et à part quelques fois où j'ai du accélérer brutalement pour le rattraper par le col de l'anorak avant qu'il ne batte le record du KL débutant, tout s'est bien passé. Certes, j'ai du coup limité les ambitions de Pitchoun #1 lorsque nous skiions ensemble pour n'aborder que des pistes que Pitchoun #2 pouvait gérer seul. Ceci dit, tous les deux ayant eu une bonne progression au cours de la semaine, je n'ai pas de doutes sur le fait que la prochaine fois, ils seront capables d'aborder les mêmes pistes, ou presque !
J'ai vu quantité de techniques pour ne pas lâcher son enfant sur les pistes, qu'il soit devant, entre les skis de l'un des parents, ou derrière, bien à l'abri des fesses. Au bout du bâton (sur le côté, donc, légèrement en arrière), ou accroché au bâton tenu latéralement (juste à côté, donc), ou encore tenu par la main. La technique qui m'a laissée la plus admirative, c'est celle de l'attelage: un harnais sur l'enfant, deux cordes (les guides) et le meneur quelques mètres derrière l'enfant. Pour tourner à droite, le meneur a juste à raccourcir le guide droit, ou ouvrir son bras... même principe à gauche. La coordination n'avait pas l'air simple à maîtriser, mais je n'ai jamais retrouvé ni l'enfant ni la maman emberlificotés dans leurs fils !
L'ESF
J'ai été très convaincue par nos moniteurs de l'ESF... que j'ai trouvé d'une patience d'ange pour gérer tous ces pitchouns, avec une expérience qui leur permet de savoir quand il faut pousser l'enfant à se débrouiller seul, et quand il faut l'aider pour qu'il n'abandonne pas. J'ai admiré leur capacité à faire confiance aux enfants et à leur confier très rapidement de plus en plus d'autonomie, sans compter leur persévérance jour après jour pour les faire progresser grâce à un subtil mélange d'encouragements enthousiastes et de chantage.
Je leur ai confié deux débutants (4 ans et demi et presque 6 ans), et j'ai récupéré deux champions capables de descendre des pistes vertes, de freiner, de s'arrêter, d'enchaîner des virages (le slalom du flocon, messieurs dames !), de prendre les téléskis (et même le télésiège et les télécabines pour le grand), de se déplacer sur le plat, de monter en canard et en escaliers, de mettre et retirer leurs skis. Bref, deux médaillés, respectivement du piou-piou et de l'ourson, avec feu vert officiel pour grimper d'un niveau au prochain coup.
Je pense que la prochaine fois, par contre, je ne les confierai qu'une demi-journée par jour, afin de mettre en pratique chaque jour avec eux ce qu'ils apprennent en cours... et profiter plus longuement de leur plaisir sur les pistes :)