Il était un garçon parfait, le gendre idéal, le fils dont toute mère rêvait, le mari que chaque femme aurait voulu avoir, le père que tout enfant pouvait imaginer.
Il était grand, beau, mince, il pratiquait la course à pieds, maintenant ainsi bon souffle et bon poids, il était poli, convivial, toujours le mot gentil et encourageant, n’oubliant jamais les dates clés d’anniversaire ou de réussite. Son métier lui assurait un bon salaire, des horaires agréables, des mains propres aux ongles soignés, des tenues qui mettaient en valeur sa silhouette de jeune premier. Il habitait un appartement situé dans un bon quartier, au dernier étage d’un immeuble moderne de bon standing, l’avait meublé avec goût tout en assurant un cadre douillet et agréable. Fin cuisiner, il adorait surprendre ses amis par des saveurs inédites et des recettes originales. Ses lectures et ses goûts musicaux étaient étendus et éclectiques prouvant ainsi sa vaste culture qu’il complétait en allant régulièrement au théâtre, à l’opéra et au cinéma. Doté d’humour, il divertissait son monde sans jamais tomber dans le vulgaire comme le font hélas, beaucoup d’humoristes se jugeant très drôles. Que dire de plus de cet homme parfait si ce n’est que son sourire étant si irrésistible, toutes les femmes, jeunes et moins jeunes, y succombaient avec délice.
Il y avait bien un hic mais personne ne le connaissait car bien qu’il soit un être très sociable, peu de monde avaient accès à son intimité. En fait, certains week-end, il disparaissait et n’était atteignable pour quiconque, même pas sa famille. Des rumeurs de maladie incurable, de liaison cachée ou de passion adultère, de secret de famille circulaient, toutefois, sans terreau, il était impossible de faire pousser et prospérer de tels bruits. Les gens restaient sur leur faim mais comme le personnage était attachant et sensible, les commérages s’éteignaient comme la flamme d’une bougie dans un courant d’air.
Années après années, tempes grisonnantes à l’appui, son charme, au lieu de s’étioler s’était amplifié. Trop beau, trop gentil, trop sensible, trop parfait étaient les mots qui passaient d’une bouche à l’autre pour expliquer son statut d’éternel célibataire. Personne n’eut vent de son secret et quand il mourut, son mystère mourut avec lui, c’est aussi simple que ça et clôt cette histoire qui n’en est pas une !