La colère

Publié le 31 mars 2009 par Maldoror

La colère est un péché. Capital. Alors, lorsque la dite colère est précisément dirigée contre le capital, et ses représentants, on ne peut que s'interroger sur l'ironie de cette situation : partout, des capitalistes licencient des salariés tout en affichant des bénéfices. Partout, des salariés commencent à retenir en otage, dans leurs bureaux, des capitalistes, en exigeant un partage des richesses.

N'y-a-t-il donc que moi pour voir que c'est un grondement sourd qui monte de la masse populaire ? Suis-je donc le seul à percevoir l'énorme danger potentiel que représente la non-prise de position claire du gouvernement vis à vis des patrons ?

Nicolas Sarkozy parle, mais il n'agit pas. Les patrons sont libres, toujours. Quid de la retraite de Daniel Bouton, PDG de la Société Générale ? Nicolas Sarkozy avait souhaité sa démission, mais il n'a pas démissionné.

Nicolas Sarkozy pourrait aussi s'offusquer de sa retraite, mais il la touchera quand même. Nicolas Sarkozy n'a aucun pouvoir sur le domaine privé, lui le sait, Daniel Bouton le sait, mais ce qui a changé, c'est que maintenant, les français aussi le savent.

Les français, qui ont déjà montré par le passé qu'en l'absence d'un gouvernement capable de prendre les bonnes décisions au bon moment, en période de crise extrème, ils savaient se substituer au gouvernement, et prendre les décisions eux-même.

Je ne souhaite pas que nous en arrivions là, mais ouvrons tous les yeux : comme aux échecs, si le gouvernement ne conserve pas un coup d'avance, il va se retrouver sur une position défensive, très difficile à tenir.

Il a tiré les noirs, ce n'est pas pour ça que la partie est perdue, mais elle sera difficile à jouer, et chaque période de vacances au Brésil, au Mexique ou ailleurs, du couple présidentiel, chaque patron qui annoncera des licenciements en même temps que des bénéfices, chaque trader qui viendra travailler une journée en France pour toucher 6000€ de chômage par mois, chaque banquier qui refusera un crédit à un travailleur ou à un petit patron de PME, fera perdre l'avance aux noirs, et donnera aux blancs l'occasion de placer ses pièces.

La diagonale du fou est infernale, d'autant que chaque partie a un fou blanc, et un fou noir.

Blanc, noir, aucune allégorie. Juste une partie très serrée. Et je ne suis pas le seul à entrevoir une fin très difficile à cette partie.

Si les gouvernements, au niveau mondial, ne prennent pas les décisions nécessaires au G20, plus personne ne croira en eux. La confiance définitivement évanouie, ne restera plus que la colère. Alors, il y aura du sang, de la sueur, et des larmes...