Sans pitié : Judas, prophète d'une justice amère

Publié le 01 avril 2009 par Dominik

Cette semaine, je vais parler de « Sans pitié » un western italien paru dans LONG RIFLE.
La Série

Série italienne parue chez Daim Press (ancêtre des éditions Bonelli) sous le nom "Judas" de septembre 1979 à décembre 1980, édité dans certains pays comme la Suède sous le nom de "Chacal". L'intégralité des 16 épisodes italiens a été publié dans LONG RIFLE à raison d'un demi-épisode par numéro. Plusieurs autres pays ont publié Judas comme la Finlande, la Turquie ou le Brésil.

Tous les scénarios sont signés par Ennio Missaglia tandis que les dessins sont dûs alternativement à Ivo Pavone et Vladimiro Missaglia.

La série est parue en France dans LONG RIFLE N°25 à 56 de février 1980 à septembre 1982. Elle a donc débuté alors qu'elle paraissait encore en Italie. Contrairement à d'autres séries Bonelli, les planches de Judas ont été régulièrement remontées pour obtenir une pagination légèrement plus importante. Ainsi le premier épisode compte 106 pages en version française pour 96 à l'origine.

Toutes les couvertures de Sans Pitié on été dessinées par Vladimiro Missaglia (qui signe Miro) et sont des reprises, parfois un peu retouchées, des versions italiennes. Durant sa période de parution, la série a eu l'honneur de la couverture en alternance avec "Scotty Long Rifle", la bande principale de la revue.

Couverture : Long Rifle N° 26, 27, 30, 32, 34, 35, 38, 40, 42, 44, 46, 48, 50, 52, 54, 56

L'histoire

Byron Scott surnommé "Sans Pitié" ou "Judas" pour ses méthodes expéditives est un agent de l'agence Pinkerton. Selon son patron Allan Pinkerton, c'en est même le meilleur, celui qu'il envoie sur les affaires les plus complexes. Accompagné de Fireball son fidèle cheval rouan, on le voit donc résoudre les enquêtes les plus ardues à la pointe de son Remington 44, non sans nous avoir gratifier de quelques "Snakes", son juron favori.

Judas est obsédé par les criminels qu'il veut tous chatier sans rédemption possible. Quand il en capture un, il attend sa pendaison afin de vérifier que le "travail" est achevé, ce qui n'est pas sans rendre nerveux ses ennemis, comme ses collègues. Ainsi, dans le premier épisode, il tient absolument à poursuivre des voleurs alors même qu'il a déjà récupéré le butin qui était l'objet de sa mission.

Par contre, il montre beaucoup plus d'humanité envers les opprimés comme les indiens ou les animaux. Dans Long Rifle 31-32, il lutte contre le Ku-Klu x-Klan par exemple. Dans les N°37 et 38, il se trouve confronté à Yanko, le chasseur de primes moitié blanc, moitié Crow, mais chemin faisant, il s'arrange pour faire arrêter Jacob Elliott qui a massacré des indiens !

Parti sur des bases intéressantes du bandit repenti devenu justicier implacable dans le plus pur style "Charles Bronson" (auquel il emprunte vaguement les traits), le héros se banalise au fur et à mesure des épisodes, sans doute une des causes de la désaffection progressive du public italien. Sans doute lé héros amer et implacable était-il trop avant-gardiste pour l'époque, mais aussi était-il trop compliqué de s'y identifier pour le lecteur.

Insolite :

On notera que dans la version italienne, les auteurs sont crédités, ce qui n'est malheureusement pas le cas dans la version française.

Chaque planche originale de Vladimiro Missaglia est ornée de sa signature "Miro" qu'on ne retrouve pas en version française.

Byron Scott s'appelle Alan Scott en version originale.

Le N°3 de la revue a un dessinateur non identifié, ce qui est très rare chez Bonelli !

Ennio Missaglia a créé deux série western dont les titres d'origine ont une forte connotation religieuse : "Judas", mais aussi "Jesus", respectivement appelée en France : "Sans pitié" et "Kekko Bravo" et toutes deux parues chez Mon Journal.

Dans Long Rifle 31, un des collègues de Judas s'appelle justement Gil ou comment réunir deux séries des mêmes auteurs !

L'agence Pinkerton a inspiré d'autres héros de petits formats. Le dernier en date étant même une femme : "Dolorès" parue dans Spécial Rodéo.

Dominik