La vie parisienne… joyeuse folie saguenéenne

Publié le 02 avril 2009 par Orage

Le plaisir était au rendez-vous

Sans Offenbach, le livret de La Vie parisienne d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy aurait-il franchit le cap des 142 ans de popularité? Un texte d’une telle pauvreté serait bien vite vilipendé par la critique malgré les airs éblouissants du compositeur. Dénonçant la superficialité ridicule des «nantis» toujours en quête de jouissances faciles, le scénario comme le sont souvent les livrets de l’opéra bouffe, ne paie pas de mine… À moins d’être revu par des Saguenéens à l’esprit vif.
La Société d’art lyrique du Royaume présente, depuis mercredi, cet opéra bouffe de Jacques Offenbach, la plus jouée de ses œuvres dit-on, à la salle Pierrette-Gaudreault de Jonquière, dans une version incontestablement jouissive.
Pas de temps mort. La mise en scène d’Éric Chalifour a su tirer parti d’une musique endiablée, misant sur une interprétation alerte, très physique, bouffonne à la limite de l’excès, dans un bel équilibre vocal des chœurs autant que des solistes.
L’adaptation épurée, les allusions à l’actualité québécoise et régionale, les clins d’œil nombreux et amusants – rarement entendre parler russe n’aura été aussi distrayant – la scénographie ingénieuse malgré sa sobriété, la composition des tableaux et les déplacements sur la scène, tout démontre le professionnalisme des artisans de cette production de belle venue.
L’orchestre, sous la direction de Jean-Philippe Tremblay, a livré une interprétation vibrante, parfaitement intégrée à ce tout théâtral, vocal et instrumental. Les chœurs, nombreux dans cette opérette, ont chaque fois été un plaisir. Faut-il les nommer ? Peut-être quelques-uns particulièrement accrocheurs: Elles sont tristes les marquises, Rondeau du Brésilien et la finale de l’acte I, Ce que c'est pourtant que la vie (Triolet de Gardefeu), l’air tyrolien, Son habit a craqué dans le dos, et la finale du 4e acte.
Bien qu’ayant toujours déclaré occuper un modeste second rôle dans cette production, Marie-Ève Munger, une fois de plus, brûle les planches. Son jeu théâtral, sa prestance et son interprétation s’ajoutent à une voix très belle qui ne cesse de nous plaire. La soprano colorature campe une Gabrielle mutine, adorable, dont la fougue apporte de la couleur au personnage de la «timide» gantière.
J’ai beaucoup apprécié l’accent et la classe de la Martina Govednik (Métella), l’assurance et la vitalité de Caroline Tremblay (Pauline). Peut-être moins à l’aise dans le jeu théâtral, Ariane Girard (la barronne) a un timbre de fois très particulier, un vrai plaisir que de l’entendre chanter.
J’ai trouvé irrésistible le tandem créé avec une belle complicité par le baryton Dominique Côté (Bobinet) et le ténor Gaétan Sauvageau (Gardefeu), deux belles voix en solo comme en duo. En fait, nous étions gâtés par la distribution masculine avec l’hilarant Martin Giguère (Prosper et Joseph), les enjoués Éric Renaud (Alphonse et Urbain), Jean-Sébastien Turgeon (Frick) et Julien Patenaude (Le baron) et l’exotique séduisant Gérald Germain (Le Brésilien).
Soulignons le travail ardu des danseuses sous la direction de Julie Dubois-Gravel. De nombreuses et vivantes chorégraphies qui, malgré certaines échappées compréhensibles et une performance pas toujours égale, ont contribué habilement à l’ambiance tourbillonnante de ce spectacle hautement festif.
Un beau rendez-vous que cette production 2009 de la Société d’art lyrique du royaume! De belles voix, un jeu dynamique et beaucoup d’humour.
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À la mémoire de Stan d’Haese
Stan d'Haese 1936-2009
Samedi 4 avril, la quatrième représentation de La Vie parisienne de Jacques Offenbach sera présentée à l’occasion d’une soirée dédiée à la mémoire du très regretté Stan d’Haese, décédé le 4 mars dernier à l’âge de 73 ans.
À ce sujet, Marie-Ève Munger, directrice artistique, écrit : «J’ai une pensée pour les bâtisseurs qui, comme Stan d’Haese, ont aidé à faire de la Société d’art lyrique du Royaume la pierre angulaire qu’elle est devenue dans le domaine lyrique québécois. Et je vous assure que nous continuons à regarder vers l’avenir pour poursuivre leur rêve et le nôtre, celui de mener la SALR toujours plus haut afin de faire honneur aux artistes, aux bénévoles et au public qui nous soutient.»
Stan symbolise tout le dévouement, l’énergie, le talent et la foi qui caractérise tant de personnes investissant, ici, leur temps et leurs connaissances afin de doter notre région d’une vie culturelle riche et inspirante pour nos enfants…. Pour nous tous.
Souhaitons une salle comble, ce samedi 4 avril, pour saluer la mémoire de ce géant qui s’est donné sans rien demander, sinon d’aller de l’avant pour bâtir un monde auquel il croyait.
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