et pas d'un pape à l'autre...
Depuis septembre 2007, je prends chaque matin le bus 88 en bas de chez moi jusqu'au boulevard Jourdan.
Presque chaque matin pendant toute une année, j'ai voyagé en compagnie d'un couple père-fils qui m'attendrissait et que j'aimais retrouver jour après jour. Avec la poussette, ils étaient déjà installés dans le bus quand je montais. Ils descendaient avant moi à l'arrêt après Denfert-Rochereau, tout près de la rue Hallé. Le petit garçon devait avoir dans les deux ans. Le papa, la petite trentaine. Look très décontracté, jean sweat-capuche baskets, pas souvent rasé de près, mais extrêmement agréable a regarder en coin. Genre Samuel Benchetrit. J'avais imaginé qu'il travaillait chez lui dans la comm ou la création graphique, et qu'il accompagnait le petit à la crèche tous les matins. Pourquoi si loin ? Sans doute parce que c'était pratique au retour du bureau pour la maman, le soir. Et parce qu'à Paris il est toujours aussi difficile qu'il y a presque trente ans, de trouver des places de crèche près de la maison.
Le papa avait toujours un petit livre différent qu'ils lisaient ensemble. Mais dès que la voix du bus psalmodiait mécaniquement Denfert-Rochereau, RER B. Denfert-Rochereau, RER B, pas un seul jour le bambin n'a manqué se redresser dans sa poussette, et s'esclaffer ravi : Papa le Yon, le Yon papa !