Un morceau d'une de mes dents ayant cédé sous l'assaut d'un carré de chocolat aux noisettes, j'ai été obligée de téléphoner à ma dentiste préférée qui ne me voit arriver en courant la main sur la joue qu'en cas d'urgence ou de chantiers de rénovation qui pourraient financer la construction d'une autoroute à travers le Sahara.
Car à la fois la qualité de mes dents est desastreuse ET j'ai la phobie du dentiste. Oui, l'idée d'un individu qui trifouille avec des instruments dans une de mes ouvertures m'est insupportable. Ca vaut donc également pour le gynéco, l'ophtalmo et autres.
Heureusement, ma dentiste est mignonne. Elle me considère comme une gentille foldingue qu'il faut traiter avec douceur et compréhension.
En terme de foldingues elle en a d'ailleurs vu d'autres puisque ses parents ont fuit les ayatollah iraniens. Sa vie c'est donc un peu le film "Persépolis" somme toute..
En discutant à bâtons rompus - ma partie du dialogue étant plutôt à base de "chauchu cha fa ouiche, meurchie et fou" pour cause de bouche ouverte bavouillante et d'aspirateur à salive enfoncé dedans - elle m'apprend qu'elle vient à la fois de fêter ses 40 ans et de se marier ! Je la félicite et lui dit que je pensais qu'elle l'était déjà car elle m'avait déjà parlé à plusieurs reprises de son conjoint.
Elle me répond que ce n'était justement pas le cas jusqu'ici, car leur situation est un peu... spéciale.
Son désormais mari est d'origine iranienne lui aussi mais Suédois de nationalité. Il vit donc à Goteborg ou il exerce la profession de chirurgien. Difficile pour lui de quitter son pays et son activité.
Difficile également pour ma dentiste de laisser son cabinet et sa clientèle fidèle pour s'exiler.
Compte tenu de l'éloignement respectif ils se voient donc ... Une fois par mois.
C'est très peu pour un couple. Certes.
Mais une de mes théories favorites refait surface à cette occasion. Au bout de pas mal d'années de vie commune et de mariage - et je vais peut-être choquer quelques personnes - si c'était à refaire et si j'avais les moyens, je ferais volontiers domicile séparé.
Pourquoi ? Et bien simplement, même si on aime beaucoup son conjoint, il arrive très souvent que ses petites manies qui vous ravissaient au début de votre relation finissent par vous exaspérer à la longue.
Et quand on est quelqu'un de très indépendant comme moi, avoir d'autres personnes dans les pattes à longueur de temps - même si ce sont votre mari ou vos enfants - peut parfois vous peser. Et j'avoue que je n'aime rien tant aujourd'hui que de rester chez moi tranquille avec mon ordi, ma télé, ma tasse de thé et mon chat sans personne pour me dire ou me demander quoi que ce soit..
Le fait d'avoir une résidence séparée permet en plus de préserver le meilleur. J'en parle en connaissance de cause puisque nous aussi avec mon mari avons vécu à distance en nous voyant uniquement le week-end au début de notre relation. Les séparations du dimanche soir étaient certes difficiles, mais nos 2 jours en commun étaient intenses !
Surprenant ? Peut-être. J'en ai déjà discuté avec plusieurs copines. Certaines sont horrifiées par cette vision des choses et n'envisageraient jamais une vie, voire mêmes des activités sans leur mari. D'autres, sans aller dans une solution aussi radicale, prendraient volontiers un peu de champ vis-à-vis de leur conjoint de temps à autres. Une dernière catégorie trouve l'idée de résidence séparée intéressante et, comme moi, l'envisagerait peut-être si c'était à refaire..
Et vous alors vous en pensez quoi : choqué(e), surpris(e), amusé(e), intéressé(e) ??