Rage et désespoir

Publié le 03 avril 2009 par Anned

La planète entière est tournée ces jours-ci vers Londres et Strasbourg, et les différents sommets de chefs d’états qui font l’actualité. Mais en Argentine, c’est la mort de l’ex-président Raul Alfonsin, qui avait pris le pouvoir juste après la dictature et à la réputation de parfait honnête homme, qui occupe les médias.

Les manifestations de ferveur populaire qui ont entouré ses obsèques m’ont donné le vertige.
Plusieurs dizaines de milliers de personnes de tous âges et de tous milieux se sont pressées au Sénat, faisant la queue jour et nuit, sous la pluie, pour saluer sa dépouille. Et beaucoup plus encore, faisant fi de tout protocole, ont suivi le cortège funèbre jusqu’au cimetière de Recoleta, le Père Lachaise de Buenos Aires, en ce 2 avril, jour de la commémoration de la capitulation de la guerre des Malouines. Les forces de l’ordre étaient visiblement submergées par la marée humaine compacte qui se pressait pour toucher le cercueil du grand homme. Je me demande encore comment aucun accident n’est survenu dans la foule à pied qui bousculait jusqu’aux grenadiers à cheval.
Devant mon écran de télévision, j’étais hypnotisée par le spectacle, fascinée de découvrir un pan encore insoupçonné de l’identité argentine. Il y avait une forme de rage et de désespoir muets dans cette foule qui lorsqu’elle prenait la parole devant un micro ou se mettait à scander des formules, insistait, tout comme les médias, sur le grand démocrate et l’honnête homme qu’était Alfonsin. Une manière de souligner qu’aucun de ses successeurs ne lui est jamais arrivé à la cheville, les deux exemplaires les plus récents – hier monsieur Kirchner et aujourd’hui madame, qui pour cause de G20 a perdu une occasion de tenter de récupérer l'événement à des fins électoralistes – pas plus que les autres. Au contraire !

Pauvre Argentine…