Ébauche d’une pensée artistique

Publié le 05 avril 2009 par Myarts

Il y a 155 ans passés, un 4 avril, Eugène Delacroix, peintre romantique par excellence laissait dans son célèbre Journal un passage qui résume, en quelque sorte, un idéal artistique en peinture de son époque. Nous le trouvons fort enrichissant, probablement tout autant pour ceux qui s’intéressent à ce qu’un grand artiste comme Delacroix pense un siècle et demi avant le nôtre de la peinture et de la relation interdisciplinaire en création.

4 avril. - De la différence qu’il y a entre la littérature et la peinture relativement à l’effet que peut produire l’ébauche d’une pensée, en un mot de l’impossibilité d’ébaucher en littérature, de manière à peindre quelque chose à l’esprit, et de la force, au contraire, que l’idée peut présenter dans une esquisse ou un croquis primitif. La musique doit être comme la littérature, et je crois que cette différence entre les arts du dessin et les autres tient à ce que les derniers ne développent l’idée que successivement. Quatre traits, au contraire, vont résumer pour l’esprit toute l’impression d’une composition pittoresque.

Nous pensons que Delacroix aurait pu être un peu plus précis… Quatre traits… ça pourrait être comme ceux-ci.

Par Lucio Fontana, Concetto Spaziale, 1959

Si Delacroix avait vécu au 20e, nous nous demandons ce qu’il aurait dit s’il prenait connaissance de l’évolution de la littérature ou de la musique contemporaine. Vous constaterez que Delacroix notait inconsciemment dans son carnet de ce 4 avril 1854, l’arrivée de l’Impressionnisme. Lui, qui est l’un des pionniers du mouvement romantique de la peinture française.

Même quand le morceau de littérature ou de musique est achevé quant à sa composition générale, qui est supposée devoir donner l’impression pour l’esprit, l’inachèvement des détails sera d’un plus grand inconvénient que dans un marbre ou un tableau; en un mot, l’à peu près y est insupportable, ou plutôt ce qu’on appelle, en peinture, l’indication, le croquis, y est impossible : or, en peinture, une belle indication, un croquis d’un grand sentiment, peuvent égaler les productions les plus achevées pour l’expression.

Pour accompagner ce moment de vie de ce grand artiste qu’est Delacroix, l’un de ses croquis préparatoires de son plus grand chef-d’œuvre, à notre humble avis, La Mort de Sardanapale.

 

Cet article a été publié le Samedi 4 avril 2009 à 23:59 et est classé dans Parlons d'un artiste, Dessins. Vous pouvez en suivre les commentaires par le biais du flux RSS 2.0. Vous pouvez laisser un commentaire, ou faire un trackback depuis votre propre site.