Pour ma part, je suis très contente d'avoir vu un Knightley d'âge mûr, face à une Emma qui semble à peine sortie de l'adolescence... Un Knightley qui, lorsqu'il sermonne Emma sans ménagement, pourrait être son père. Très loin donc du Knightley d'Emma l'entremetteuse, qui la réprimande sans pouvoir s'empêcher de rêver toucher la nuque et les épaules découvertes qu'elle offre à son regard. Un Knightley qui fait son âge face à Franck Churchill, dont le rôle a été fort bien développé, preuve s'il en est que c'était parfaitement possible de mettre en scène ses manigances. Une Miss Bates qui n'est pas surjouée, une Harriett Smith qui n'est pas omniprésente, une Mrs Weston qui a effectivement l'âge d'avoir été la gouvernante d'Emma, un beau-frère au jugement acerbe et un père qui ne pense plus qu'à son propre intérêt.
L'histoire d'Emma, c'est celle d'une jeune femme, orpheline de mère, dévouée à son père, généreuse avec ses proches autant qu'avec les pauvres de sa paroisse... peut être trop généreuse, d'ailleurs, puisqu'après avoir marié sa gouvernante et confidente à un voisin, la voilà fort occupée à tenter de favoriser d'autres unions. Mais Emma n'a que 22 ans, peu d'expérience des hommes, et tant de responsabilités reposent sur ses épaules au sein de leur cercle social qu'elle va commettre bien des erreurs. Jane Austen pensait que personne n'aimerait son héroïne... c'est une de mes favorites: manipulatrice à souhait derrière ses manières d'ange, jamais à court de répartie, attachée aux apparences, décidée à donner le meilleur d'elle-même mais incapable parfois de retenir son irritation, même si elle doit ainsi faire du mal autour d'elle.
Réalisé par Diarmuid Lawrence. Avec Kate Beckinsale, Bernard Hepton, Mark Strong. Produit en 1996.
(#78 point de vue ventes sur Amazon, Emma l'entremetteuse étant #6923 au moment ou j'écris ce billet)