... Parce que j'ai souvent raison..
Prenez le cas d'Ingrid Bétancourt.
Au début, comme tout le monde, je compatissais à son drame, la souffrance endurée, la peine de sa famille, tout ça..
Puis au bout de quelques temps, j'ai senti poindre un léger agacement... qui s'est transformé en agacement plus marqué.. Sans pouvoir expliquer son origine.
Mais comme on ne DEVAIT rien dire sur sainte Ingrid, et que je n'avais pas d'arguments concrets pour étayer l'état de mes nerfs, je me suis écrasée devant l'opinion générale.
Au fil des évènements, j'ai quand même recueilli des informations qui n'allaient justement pas dans le sens de l'opinion générale.
Comme le fait qu'on l'avait prévenue de ne surtout pas aller dans la jungle, mais qu'elle n'en a fait qu'à sa tête, sans écouter personne dans le but de faire de la pub pour sa campagne électorale. Elle pensait qu'elle serait retenue quelques jours puis relachée.
Ou que sa campagne électorale était financée par des capitaux pas toujours très recommandables.
Ou encore que sa famille avait parfois des connexions, comment dire, douteuses.. Mais en tout cas très influentes ! Car une autre otage franco-colombienne, dont je n'ai malheureusement pas réussi à retrouver le nom, est, elle, morte dans la jungle il y a une dizaine d'années, faute de précieux appuis qui savent appuyer sur les bons boutons.
J'ai aussi trouvé quelques personnes qui étaient du même avis que moi (heureusement) : je n'étais plus seule à penser que, sans minimiser les souffrances de cette femme, ni la douleur de sa famille, la larmoyance médiatique envahissante et généralisée devenait insupportable..
L'overdose d'agacement a atteint son summum quelques mois avant sa libération quand on la voyait soit-disant aux portes de la mort en mater dolorosa (pitin, je vous scotche avec ma culture, là, non ?) de la jungle et que les gens défilaient dans les rues quasi en pleurant pour réclamer sa libération.
Heu, excusez-moi, pendant ce temps, des journalistes avaient été pris en otage en Afrique et on ne voyait pas leur famille déchirer leur vêtements en public..
Et quand on l'a libérée mémère, elle n'avait pas sauf erreur de ma part l'air SI mal en point !
Bon ok, elle était libre, confettis, cotillons, débouchage de champagne tout ça.. Je ferme mon clapet et je remballe..
Jusqu'à ce que..
Quelques voix discordantes dans le bonheur général s'élèvent. Des voix autrement plus légitimes que la mienne.
Après des otages américains qui l'ont décrite «égoïste, arrogante, manipulatrice»; après Noël Saez, ancien émissaire de la France en Colombie qui l'a jugée «ingrate» car elle ne l'a jamais remercié ; après son mari Juan Carlos Lecompte, qui estime qu'elle l'a trahi et abandonné brutalement en demandant le divorce... C’est au tour de Clara Rojas, ancienne otage des Farc, assistance d'Ingrid Betancourt lors de sa campagne électorale et détenue en même temps dans la jungle colombienne, de raconter SA version des années de détention.
Pourtant très proche d'Ingrid Bétancourt au moment de leur capture, Clara Rojas n'hésite plus à décrire une femme mesquine, seulement préoccupée par son propre sort et prête à toutes les bassesses pour avoir une situation plus confortable. Elle reproche également son attitude à la famille Bétancourt. Qu'elle accuse d'avoir caché des preuves de vie qui la concernaient «par jalousie excessive», afin qu'Ingrid conserve le «rôle principal» dans cette histoire
Alors que se passe-t-il ? Est-ce une vengeance envers une innocente ou les rancoeurs accumulées pendant six ans contre une femme manquant d'humanité qui ressortent maintenant que les otages sont libres ?
Alors, est-ce que j'avais raison d'être agacée ou est-ce que je manque totalement de compassion ? Dans le dernier cas, il faut vite que j'aille faire un stage de compassionite intensive !
Et vous, vous en pensez quoi : Ingrid Bétancourt, Madonne de la jungle, ou mégère loin d'être apprivoisée.. ??