Merci également à ceux qui n’aiment pas. Et qui sont, de loin, en infériorité numérique. Y’a des fois dans la vie c’est pareil. Je préfère qu’on m’aime pas. Ca me rassure. Et quand c’est pas le cas, je fais tout pour. C’est moi qui choisis en fait. Toute façon, « On ne peut pas plaire à tout le monde », comme disait une fameuse émission que personnellement, je regrette. Je me demande même si c’est pas pour ça que le samedi, je mets toujours la 2, vers 23h. Par nostalgie. En fait. Et que je me tape Ruquier pendant trois heures. Mais de moins en moins. Des fois l’animateur de talent n’a même pas fini d’énumérer sa sempiternelle liste des invités qui ne viendront pas ce soir, que je suis déjà dans les bras de Morphée. Au loin, dans un demi-sommeil paradoxal, j’entends bien les débats endiablés entre Zemmour et Naulleau au sujet du dernier bouquin de Valérie Benaïm - ou autre écrivain de renommée internationale hein… je veux pas faire de jaloux. J‘ouïs bien l’invité politique nous parler de ses préférences sexuelles… Mais va savoir pourquoi : j’écoute pas. Et mes petits yeux se ferment d’eux-mêmes. Ok samedi dernier, j’ai ouvert un œil au moment où Zemmour disait à Costa Gavras que les immigrés, en vrai, c’était pas du tout des gens biens, comme dans son film. Que c’était tous des calculateurs qui profitaient de notre généreux système. Mais c’est parce que je croyais qu’il était 20h et que c’était les Guignols en fait. Tellement il faisait bien sa marionnette.
J’aimais bien, au début, Ruquier. Quand y’avait Mustapha El Atrassi. Ou Florence Foresti. Des gens vivants quoi. Eric Zemmour, tu vas pas me dire qu’il est vivant ce gars là. Avec son air aigri et blasé de la vie ! L’autre jour il disait de Delanoë que c’était un austère qui se marrait jamais. Il a pas tort. Ok. Mais « c’est le camembert qui dit au roquefort tu pues », comme dirait Ruquier. Moi je le vois bien, quand il était petit, tout rapporter à la maitresse pour avoir des bons points, Zemmour. Putain, mais d’où ils sortent tous ces Steevy Boulay et compagnie ? C’est un métier, ça : polémiste ? Et à part avoir une tête à claque, ou fait le loft, faut faire quoi ? Parce que moi aussi je peux le faire : dire que j’ai adoré un bouquin parce qu’il est plein de points virgules ; et que j’adore les points virgules ; parce que c’est entre le point ; et la virgule ; que c’est ni tout à fait un point ; ni tout à fait une virgule. Moi aussi je peux parler toute seule. Ou clore un sujet en disant : « Toute façon j’ai raison. C’est comme ça. Et vous le savez très bien ». Moi Zemmour, je le trouve ni pertinent, ni impertinent. Je le trouve juste raciste. Putain mais comment ça se fait qu’on laisse parler des gens comme ça ? Pour qui ils se prennent ? Encore, Steevy Boulay, il a l’air plus bête que méchant. Il croit surtout que la vie, c’est comme dans « Sous le soleil ». Que le shit, c’est de la drogue. Ou encore que Koxie et Doc Gynéco, c’est du rap. Mais bon. Tu lui kidnappes son bourriquet, et il se met à genoux le garCon. Mais Zemmour, lui, il est fait vraiment peur. Il voit des islamistes intégristes et obscurantistes partout. Il croit que la police a une déontologie. Ou que les femmes sont des êtres primaires qui ne cherchent qu’un reproducteur, au fond. Un mâle qui les féconde. Et qu’après, elles les castrent. Je te jure il est gravissime ce mec. Il marche à côté de la vie. A mon avis. Bref. Je m’endors de plus en plus tôt le samedi devant « On n’est pas couché ». Et c’est pas seulement parce que le service public a changé d’horaire.
Voilà. Tout ça pour dire que si t’aimes pas ce que j’écris, t’inquiète pas : c’est voulu.