Déménager, c'est attendre désespérément une connexion ADSL qui est promise le pour premier du mois. Le poisson d'avril se fraye un chemin à travers les câbles et, enfin, le 7 avril au soir : bonne prise !...
Je redécouvre les joies et les agacements téléphoniques. Quatre ans sans le moindre coup de fil... Les voix sont passées aux tamis des émotions. Je ne garde que des pépites de mots dorés, certains rougeoyants fondent dans la coquille fragile qui me tient lieu d'oreille.
J'aime entendre toutes ces phrases qui craquent comme des allumettes, me brulent et me réchauffent à la fois... J'aime la douce fumée que l'on devine dans les silences, elle s'échappent doucement des consciences.
Le téléphone, c'est aussi retrouver une société dont le foyer a été étouffé au tisonnier ne laissant que des braises mourantes. Impossible de joindre France Télécom. Il faut toujours appeler un autre numéro, tout le monde est responsable pas coupable ; c'est Georgina Dufoix à tous les étages !
Les opérateurs ont des voix de tuyaux de gaz... Je me rends compte que les romanciers d'anticipation étaient bien timides. George Orwell aurait dû écrire " Big Children" !
Il sont tous assis sur des charbons et des chardons ardents, le cul entre deux chaises, ficelés et épiés par d'autres enfants peureux. Un répondeur de sexe féminin me demande si je souhaite que la conversation soit enregistrée !... Comment ont-ils pu laisser passer un truc pareil ?...
Après tout, je m'en contrefiche, mon arobase est fixe...