A cet instant, je les ai vus. Toute une équipe, vêtue de ces blousons immondes qui les font ressembler à des Bibendum qui auraient passé la nuit sous un pont. Comme toujours, il y avait un ou deux poissons pris dans leurs filets de chasseurs au petit pied. D’un même pas élastique pour lui, pressé pour moi, nous nous avancions vers eux. J’étais désolée pour lui. C’est alors que la contrôleuse qui s’apprêtait à s’occuper de son cas a été appelée par un collègue, vers lequel elle s’est dirigée avec cette nonchalance irritante qui n’appartient qu’aux flics. Profitant du vide, mon fraudeur est passé sans s’arrêter, tout comme moi. Il s’est même payé le luxe de se tromper de couloir et a fait une rapide volte face pour prendre l’autre direction. Derrière nous, le contôle reprenait. Je me suis souri, intérieurement. Décidément, ce jeune chat avait de l’audace… et de la chance ! Mais échapper à des rats de couloirs fait toujours plaisir. J’étais ravie.