Les rillettes de caniche (gballand)

Publié le 09 avril 2009 par Mbbs

Il n’arrêtait pas d’aboyer, l’odieux caniche, impossible de se concentrer sur Libération. Elle avait déjà fait une remarque à la propriétaire, une femme plissée et fardée jusqu’aux yeux, mais celle-ci l’avait vertement remise à sa place. Etait-elle la seule à être exaspérée par ce ridicule roquet au manteau rouge que sa  maîtresse bichonnait comme un jeune amant ?

L’animal continuait à criailler de sa voix suraiguë, elle n’en pouvait plus. La propriétaire  grattait amoureusement la tête des sa bestiole  en murmurant de sa voix sucrée « doucement mon coco, doucement, on va bientôt sortir, calme-toi. »

Elle sentait bien, depuis quelques mois, qu’elle développait une inquiétante allergie aux chiens. Elle en avait d’ailleurs averti son médecin traitant mais il avait pris l’affaire à la légère.

- Ça passera, l’avait-il assurée. Le chien est l’avenir de l’homme, regardez autour de vous, vous aussi vous y viendrez !

 
Mais elle n’y venait pas. Elle regarda la vieille d’un air mauvais, tenta une dernière réplique, sans succès.  Lorsque le caniche recommença à donner de la voix, pour un nouveau solo, elle ouvrit calmement son sac, en sortit un petit pistolet argenté et abattit la bête qui s’écroula sur le sol. Elle constata avec satisfaction qu’un seul coup avait suffi. Elle rangea tranquillement son arme et dit d’une voix forte.

- Une bonne chose de faite. Et estimez-vous heureuse que je n’en fasse pas des rillettes de votre caniche à la con ! En tout cas, en voilà un qui ne m’empêchera plus de lire le journal !

Puis elle se leva  et sortit du café comme si de rien n’était. Personne ne s’interposa.