Extraits de l'homélie de Mgr Rey lors de la messe chrismale :
"L’indignation médiatique s’est imposée à propos des questions éthiques : aujourd’hui, c’est la question de l’avortement, l’utilisation du préservatif. Hier, c’était la question de l’euthanasie ou du statut de l’embryon, demain, ce sera le mariage homosexuel et l’homo-parentalité. [...] Lorsqu’il s’agit de l’avenir de la planète, de la disparition de la faune et de la flore, des gaz à effet de serre, le Grenelle de l’environnement adopte prudemment des mesures disciplinaires et contraignantes. En ce qui concerne l’éthique et la vie humaine, les repères font défaut. La reconnaissance par la loi des situations particulières prend le pas sur toute approche globale qui serait portée par une anthropologie commune. L’Eglise elle, ne se détermine pas à partir des sondages et du changement du climat idéologique. Elle a pour boussole l’Evangile. Elle met le cap vers un Royaume où l’homme a été libéré par le Christ du mensonge et de l’idolâtrie. [...]
Par la voix du successeur de Pierre, qui se trouve placé à la proue du navire, l’Eglise désigne de loin, à travers les tempêtes et les péripéties de l’histoire, le port où Dieu nous attend. Elle manquerait à sa mission prophétique, si sa voix se taisait par timidité, par lâcheté ou par compromission. Sa vocation, c’est la fidélité à son Epoux, le Christ, à sa présence en elle, à son enseignement, par sa parole. Oui, l’Eglise ne peut que protester lorsqu’offense est faite à la vie humaine dès sa conception, dans le sein de sa mère. Elle proteste pour ces 220 000 avortements pratiqués chaque année en France, et qui tendent peu à peu à devenir un moyen contraceptif. [...] L’Eglise proteste encore quand elle s’inscrit en faux lorsqu’on promeut des modèles de famille qui privent l’enfant de la référence paternelle ou maternelle, indispensable à sa croissance humaine. Face à la propagation du Sida, tout en prenant en compte les besoins de précautions, l’Eglise fait appel en premier lieu à la responsabilité dévolue à chacun d’inscrire la relation affective et sexuelle à l’intérieur d’un projet de vie stable et par une promesse dans la donation de soi, que Dieu vient bénir. Les actes que pose l’Eglise accompagnent son enseignement.
En Afrique elle est la première ONG à œuvrer pour accueillir, soigner, accompagner les populations séropositives dans des dispensaires ou hôpitaux, et à rappeler dans ses écoles, avant les mesures prophylactiques à prendre, surtout à éduquer à la dignité de la sexualité, au sens de la maîtrise de soi et au respect du corps. Un évêque camerounais de passage dans le Var, et qui venait d’accompagner le Saint Père dans son récent voyage en Afrique, était outré par les commentaires suffisants des soi-disants experts. «N’y-aurait-il pas du racisme lorsqu’on veut imposer aux Africains l’usage du préservatif comme si nous sommes jugés incapables de modifier nos modes de relations affectives ?» [...]
Il y a peu, l’Eglise dénonçait - non pas l’acharnement thérapeutique-, mais l’euthanasie lorsque la prétention eugénique d’une société, décide qui doit vivre et qui doit mourir. Elle s’insurge aussi contre la manipulation de l’embryon humain, traité comme un matériau de laboratoire, du corps humain considéré comme une boîte à outils. La protestation de l’Eglise touche en réalité la transgression des interdits fondamentaux qui structurent toute vie en société [...]
Oui, Benoît XVI, dans la fidélité à l’enseignement de l’Eglise, a osé braver la dictature de la pensée unique ! La tolérance revendiquée si souvent…a alors fait place à l’incantation autiste [...]. L’aveuglement émotionnel est devenu inquisition véhémente et lynchage, condamnant quelqu’un (le pape) de façon caricaturale pour des idées qui ne sont pas les siennes, pour des actes qu’il n’a pas commis, des propos qu’il n’a pas tenus. La curée médiatique s’est faite sous impunité garantie. Beaucoup de chrétiens n’ont pu que se sentir blessés par de tels outrages, par le cynisme de certains représentants de la nation qui complaisamment, ont sali l’image du Saint-Père. Je souhaite qu’au cours de cette semaine sainte, nous puissions particulièrement prier à son intention dans toutes nos communautés chrétiennes, et plus particulièrement le Vendredi Saint. [...]
En ce temps liturgique, comment ne pas associer, sans spiritualiser à l’excès, ces vociférations médiatiques aux cris de la foule en furie qui s’en prenait au Christ sur la route du Golgotha ? A un moment ou à un autre de notre itinéraire spirituel, ou de la marche de l’Eglise, notre route croise, comme Simon de Cyrène, Celui qui est chargé d’une croix trop lourde à porter. L’Evangile n’est pas plus facile à vivre ni à proclamer aujourd’hui qu’il y a quelques siècles. [...] Les soubresauts médiatiques de ces derniers jours nous invitent à ne pas nous dérober à la responsabilité prophétique que l’Eglise doit assumer face aux défis anthropologiques et éthiques des temps à venir. Nos silences seraient complices des dérives possibles. Cette responsabilité est en premier lieu éthique. [...] Sauver la planète : oui Sauver l’économie : oui Mais d’abord sauver l’homme de lui-même. Le sauver de la tentation de Babel. [...]
Par un curieux retournement de l’histoire, un nouvel intégrisme pointe le nez lorsqu’on refuse que l’Eglise tende la main à ceux qui se sont éloignés, en les enfermant dans leur étiquette et dans leur passé. Benoît XVI a été explicite : «Pouvons-nous les exclure, comme représentant un groupe social marginal, de la recherche de la réconciliation et de l’unité ?» Ni le négationnisme affiché par Mgr Williamson, ni le pharisianisme de ceux qui s’arrogent le monopole de l’interprétation de Vatican II, ne parviendront à altérer cette communion ecclésiale qui s’enracine dans la vie trinitaire, se déploie en premier lieu dans la famille, et puis s’incarne dans chaque communauté chrétienne."
MJ