Ce n'est pas un secret si vous me lisez régulièrement, mais je me suis replongée récemment dans l'œuvre de Jane Austen par le biais des adaptations de ses œuvres, et je me suis demandé pourquoi lesdites œuvres traversent aussi bien les siècles. Pourquoi la chick lit (comprendre les histoires romantiques et abracadabrantes vécues par des trentenaires célibattantes, ou non, écrites par des femmes pour des femmes) y fait-elle autant référence ? Pourquoi les adaptations cinématographiques se succèdent-elles les unes aux autres ?
La réponse me semble évidente, Jane Austen faisait de la chick lit avant même que le terme soit inventé. Bien sûr, vu que nous sommes au 19ème siècle, ses héroïnes ne font pas de shopping effréné perchées sur leurs stilettos en plein Manhattan. Mais si les décors et les moeurs sont différents, le jeu de l'Amour n'a pas changé. L'hypocrisie, les malentendus, les manigances, les quiproquos, l'interférence bienveillante (mais mal à propos) de la famille, la difficulté de faire le premier pas, les rumeurs, les espoirs, les problèmes financiers, les fantasmes... les moyens ont évolué, certes, mais l'envie de vivre le grand Amour est restée la même.
Le SMS a remplacé la lettre, l'avion a remplacé le Phaëton, les héros ne reviennent plus voir leur Belle au rythme du galop de leur cheval... mais l'auteur nous livre toujours une histoire dans laquelle les héros ont surmonté moult obstacles avant de vivre pleinement leur bonheur (garantie que oui, ils sont faits l'un pour l'autre). Et si les héroïnes de Jane Austen ont, la plupart du temps, plus de bon sens que les héroïnes de chick lit -ce qui les rend fatalement moins drôles-, elles n'en sont pas moins attachantes, ni moins touchantes. L'important, au fond, n'est pas de se demander pendant 400 pages si oui ou non, Elizabeth Bennett ou Bridget Jones vont épouser leur Mr Darcy, mais bien de lire et de vivre par procuration une histoire romantique, un conte de fées, qu'il soit moderne, ou non.
Si je devais encore vous convaincre, je vous dirais que dans les deux cas, les hommes ont bien du mal à accrocher à tant de romantisme et de rêveries... Tenez, même Joseph Conrad s'en étonnait auprès de H.G. Wells en 1901: "What is all this about Jane Austen ? What is there in her ? What is it all about ?" Le mien, d'Homme, s'est endormi devant Sense and Sensibility (malgré Kate Winslet et Emma Thompson) et devant Emma (malgré Gwyneth Paltrow)... il n'est allé au bout que de Pride and Prejudice (il préférerait Keira Knightley ?) :)
(oui, les couvertures sont usées, je n'ai aucune pitié de mes livres...)