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Le Code des conventions

Publié le 11 avril 2009 par Cochondingue
Géraldine Lerouët était en train de vider ses poubelles quand je l'ai croisée dans la cour de l'immeuble.
- Madame Cochon ! Je voulais justement m'entretenir avec vous. Vous avez enfreint la loi.
- Euh... S'il s'agit du tri sélectif, je m'en occupe la plupart du temps. Il est vrai qu'il m'est arrivé de jeter du plastique dans la poubelle verte, mais en général je fais attention.
- Je ne parle pas de ça, mais de ce que vous fabriquez chez vous. Je vois tout de ma fenêtre !
- Ah... C'est ennuyeux.
- Un tel comportement est passible d'amende, voire de prison.
- Vous savez, c'est beaucoup plus innocent que ça en a l'air. Nos soirées échangistes sado-maso déguisés en petits animaux des bois poursuivis par un chasseur aux seins nus siliconés n'ont lieu que très rarement. Vous ne nous dénoncerez pas, dîtes ?
- Arrêtez avec vos insanités. Revenons plutôt à ce que j'ai découvert : vous êtes graphiste freelance !
- Oui. Et alors ? Ce n'est ni un secret, ni une tare congénitale.
- Sauf que vous devez demander l'accord de la copropriété avant de pouvoir exercer un métier libéral chez vous.
- Je travaille devant mon ordinateur, je ne fais pas de bruit, je ne reçois aucun client chez moi, je ne dérange personne, alors je ne vois pas bien en quoi la copropriété est concernée.
- C'est la loi. Vous devez avoir notre accord. Pourquoi n'avez-vous pas fait votre demande à la dernière assemblée générale ?
- Vu la mesquinerie de certains voisins, je n'allais pas prendre le risque d'encaisser un refus.
- je vais être obligée d'en référer à qui de droit.
- Très bien... Ca ne m'étonne pas de votre part.
- Oh, vous pouvez protester, moi je ne fais que mon devoir d'honnête citoyenne. Qu'est-ce que vous venez d'acheter ? Une bande dessinée ?
- Oui pourquoi ? C'est aussi interdit par la loi ?
- Fabien Bertrand... Ce n'est pas cet auteur dissident qui critique le Code des conventions ?
- Tout à fait. Je peux vous prêter sa BD si vous le souhaitez...
- Sans façon ! Je me demande même comment elle a passé la censure du comité central.
- A bientôt, madame Lerouët.
- Restez ! Je n'en ai pas fini avec vous. Votre paillasson n'est toujours pas réglementaire. Il faut qu'il mesure 50cm de largeur sur 60cm de longueur, couleur taupe uniquement pour que ce soit assorti au chambranle des portes et à la boîte aux lettres. Quant à vos soirées échangistes...
- Oui oui, nous nous déguiserons en petits animaux des bois couleur taupe uniquement, pour être assortis aux fenêtres et surtout à la boîte aux lettres...

Malgré un avis défavorable du Ministère des Conventions, "Chronique d'une chair grillée" de Fabien Bertrand et Aude Massot est vendue dans toute bonne librairie qui se respecte. Je vous conseille vivement de l'acheter, avant qu'elle ne disparaisse malencontreusement des rayons.
En faisant de la pub pour cette oeuvre magistrale, je me trouve moi aussi en sursis. Mais la liberté avant tout !

Le Code des conventions
Chronique d'une chair grillée
Louka Zöt est un homme bien, mais il est aussi chômeur, divorcé, père d’un enfant illégitime et, qui plus est, issu d’une liaison avec une criminelle. Une situation qui ne peut plaire au Ministère des Conventions. Dans un tel contexte, une seule solution possible pour s’en sortir : obtenir une nouvelle identité et un autre passé. Mais corrompre un agent de l’Etat a un coût et comporte certains risques…

Dans cette histoire, le lecteur découvrira un boiteux, un braquage administratif, une mère hystérique, Wheepy le kangourou, un anthropologue dyslexique, un juge star de l’audience, un cirque romain, des gens biens qui vous causent du tort, d’autres peu fréquentables qui vous ouvrent les yeux et surtout, le Code des Conventions…


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