La résurrection n’est donc pas une théorie, mais une réalité historique révélée par l’Homme Jésus Christ à travers sa « pâque », son « passage » qui a ouvert une « voie nouvelle » entre la terre et le Ciel (cf. He 10, 20). Ce n’est ni un mythe, ni un rêve, ce n’est ni une vision, ni une utopie, ce n’est pas une fable, mais un événement unique et définitif : Jésus de Nazareth, fils de Marie, qui au soir du Vendredi saint a été descendu de la Croix et mis au tombeau, est sorti victorieux de la tombe (...)
L’annonce de la résurrection du Seigneur illumine les zones d’ombre du monde dans lequel nous vivons. Je pense particulièrement au matérialisme et au nihilisme, à une vision du monde qui ne sait pas dépasser ce qui est expérimentalement constatable, et qui se retrouve inconsolée dans la conscience du néant qui serait le point d’arrivée ultime de l’existence humaine.
C’est un fait que si le Christ n’était pas ressuscité, le « néant » serait destiné à l’emporter. Si nous retirons le Christ et sa résurrection, il n’y a pas d’issue pour l’homme et toute espérance demeure une illusion. Mais précisément aujourd'hui, éclate avec force l’annonce de la résurrection du Seigneur, et elle est la réponse à la question incessante des sceptiques, rapportée aussi par le livre de Qohélet: « Y a-t-il une seule chose dont on dise : "voilà enfin du nouveau" ? (Qo 1, 10). Oui, répondons-nous, le matin de Pâques tout a été renouvelé. « Mors et vita/ duello conflixere mirando : dux vitae mortuus/ regnat vivus – La mort et la vie s’affrontèrent / en un duel prodigieux : / le Prince de la vie mourut ; / vivant, il règne ». Voilà la nouveauté ! C’est une nouveauté qui change l’existence de celui qui l’accueille, comme on le voit chez les saints (...)
S’il est vrai que la mort n’a plus aucun pouvoir sur l’homme et sur le monde, il subsiste cependant encore beaucoup, trop de signe de son antique domination. Si par la Pâque, le Christ a extirpé la racine du mal, il a toutefois besoin d’hommes et de femmes qui dans tous les temps et lieux l’aident à affirmer sa victoire avec les mêmes armes que lui : les armes de la justice et de la vérité, de la miséricorde, du pardon et de l’amour.
C’est le message qu’à l’occasion de mon récent voyage apostolique au Cameroun et en Angola, j’ai voulu porter à tout le continent africain, qui m’a accueilli avec un grand enthousiasme et une grande disponibilité d’écoute. L’Afrique, en effet, souffre de façon démesurée des conflits interminables et cruels – souvent oubliés – qui déchirent et ensanglantent plusieurs pays ainsi que du nombre croissant de ses fils et de ses filles qui deviennent la proie de la faim, de la pauvreté, de la maladie. Je répéterai ce même message en Terre Sainte, où j’aurai la joie de me rendre dans quelques semaines. La difficile mais indispensable réconciliation, qui est la condition première en vue d’un avenir de sécurité commun et d’une cohabitation pacifique, ne pourra devenir réalité que moyennant des efforts renouvelés, persévérants et sincères, pour le règlement du conflit-israélo-palestinien. Depuis la Terre Sainte, mon regard s’étendra aux pays voisins, au Moyen-Orient, au monde entier. En un temps d’insuffisance globale de la nourriture, de trouble financier, de pauvretés anciennes et nouvelles, de changement climatique préoccupant, de violence et de misère qui contraignent de nombreuses personnes à quitter leur terre à la recherche d’une survie moins incertaine, d’un terrorisme toujours menaçant, de peurs grandissantes face à l’incertitude du lendemain, il est urgent de redécouvrir des perspectives capables de redonner l’espérance. Que personne ne se mette en retrait dans cette bataille pacifique inaugurée par la Pâques du Christ, Lequel – je le répète – cherche des hommes et des femmes qui l’aident à affirmer sa victoire avec les mêmes armes, celles de la justice et de la vérité, de la miséricorde, du pardon et de l’amour".
Lahire