Match Aller Chez NoiZette.

Pendant qu'en Bretagne il fait soleil, dans le Sud, pour se rendre visite, on prend le Ferry, Brian.

On a donc tunné la bagnole en hydroglisseur sur l'autoroute de la mer.

2 heures de papillon et de dos crawlé plus tard, nous voilà rendus dans cette fameuse rue en S après 3 dos d'âne, 845 ronds-points et un passage à gué sur le point de sortir de ses gonds.

Telle une famille de roumains tendant la main avec un fort accent gavatx, nous avons sonné à la porte où des gens secs nous ont offert l'asile, nous, la tribu aquatique.

Autant, débarquer chez des gens dont on ne connaît que la partie émergée de l'iceberg et à cause de grâce à l'Internet, ça fout la trouille, c'est un peu tu sautes à l'élastique d'un pont et tu t'aperçois que finalement, t'avais raison d'émettre de forts doutes sur la distance entre le pont et le pavé que tu viens de te manger en pleine face, autant une fois après avoir essuyé nos palmes sur la serviette de bain le paillasson de l'entrée, on était chez nous.

On a voulu nous servir du champagne dans des coupes à salade de fruit, faire boire le café dans des verrines, nous faire bouffer dans le plat, et aller nager sur la terrasse, pendant que les mômes étaient à la garderie devant la Wii.

Mais regardons Pluto.


(Je ne pouvais pas ne pas la faire, c'est comme les Impôts, une fois l'an.)

Champagne à l'apéro, on se fout pas tout à fait de nous, disons qu'on pète un peu dans la soie.

Après une gorgée, tu parles espagnol couramment.

Petit shusi tout mimi en entrée.

Réalisation facile, pas de cuisson.

Paëlla Oh la la en plat de réjouissance.

Attention, on est pas chez Marie ici, la paëlla, c'est soit TOUT à la barbaque, soit TOUT au poisson, si tu veux lécher la moule, tu te l'amènes.

MON fondant en dessert.

Réalisé sans trucage. Mélanger, foutre au four, démouler, servir.


Puis bon.

C'est qu'on est pas venus là pour se détendre, se régaler, partager, rire, respirer, boire, chanter, la vie, c'est pas rigolo, y a un petit monsieur qui veut pas qu'on soit heureux.

Alors comme on est des filles, on a dû aller faire des courses.
On a dit " Bon, à tout à l'heure!".
Réaction masculine similaire à celle d'une seiche chez le poissonnier.
On aurait pu dire qu'on allait se taper tous les routiers un par un sur l'aire du village catalan que ça les aurait pas forcément fait tressauter.

Un dimanche de Pâques.
En Espagne.
Sous la pluie battante.
Sous le vent Céline.
Sous la menace des camions.
Sous le sourire narquois d'un serveur qui devait tourner à l'excta Mickey Mouse.
Sous les flashs d'un téléphone portable intempestifs.
Sous les "Ola" et les "Adios" de la foule en délire et surtout en Kway.

Quand on est rentrés, on a bien compris que personne s'était soucié de notre légère absence de 2 heures.
La table était toujours pas débarrassée, le lave-vaisselle plein de sale et TOUS les chocolats de Pâques dans les estomacs, prêts à faire le grand 8.

Alors on se l'est refaite à l'envers, la journée.
En 10 minutes, plus de bordel sur la table, plus de tout partout, plus de vaisselle sur le plan de travail, plus d'enfant éparpillé, plus d'homme sur le canapé et plus d'adolescent greffé sur console.

On a repris nos sacs vides et nos coeurs pleins.
Sur la plaque de cuisson, la paëlla me suppliait de rester.

On s'est dit au revoir sur la 1ère marche de l'escalier ou sur talons, c'est selon.


On s'est une nouvelle fois extasié sur la pure beauté du faux gazon.


On a regonflé les brassards de la bagnole et on a passé sur le gué en apnée.

Temps de merde.
Pluie de merde.
Vent de merde.
Route de merde.

Mais on s'en foutait, nous.

On avait échangé nos fanions.
Elle avait reçu son Iphone sa médaille d'argent.
J'avais dans mon panier mon oeuvre d'art.


Chez nous, un match France-Espagne, ça se termine toujours comme ça.