ARIANE BOIS HEILBRONN :
INTERVIEW EXCLUSIVE !
Il y a quelques jours,
Thierry Cohen avouait le coup de coeur littéraire qu'il avait eu récemment pour le roman "Et le jour sera pour eux comme la nuit", d'Ariane Bois Heilborn, lors de l'interview
exclusive qu'il m'avait accordée pour ce blog et que vous pouvez relire ICI.
Quelques temps plus tard, j'eus l'agréable surprise de recevoir un mail d'Ariane Bois Heilbronn, qui se portait directement volontaire pour répondre à l'une de mes interview. Bien
entendu, il n'a pas fallu me prier beaucoup pour que je luis envoie quelques questions auxquelles elle a répondu avec gentillesse et simplicité.
Bonjour Ariane; Vous êtes grand reporter. Etes vous en Free Lance où travailler vous pour un journal ou une société particulière ?J'imagine que votre vie, c'est 2
jours à gauche, une semaine à droite et 1 nuit chez vous ! Me trompe-je ? Quel style de sujet couvrez vous ?
AB : Bonjour, je suis grand reporter dans le groupe marie claire, ce qui est un titre. Ma fonction est celle de chef des informations au sein de la redaction
avantages. J' ai travaillé à la radio ( rfi ), à la tv ( la cinq première version ), pour des news ( l'express ). Je travaille à 4/5, donc pas le mercredi pour m o'ccuper de mes
enfants .Je couvre des sujets de société ( le surendettement, les nouvelles valeurs qui sortent de la crise, le statutdes beaux parents, le coaching parental ) ainsi que
des pages news plus courtes, en fonction de l'actu .je voyage plutôt en France désormais mais j'ai beaucoup bougé en Europe .Enfin je collabore aux pages livres et
je lis donc 6 à 8 romans par mois pour ces pages là .
Et dans ce tourbillon de la vie, un jour, vous vous êtes poser pour écrire un roman. Ce fut une envie soudaine, un besoin qui vous titillait depuis un moment, où juste une
évidence qui ne s'explique pas ?
AB : C'est une histoire que je portais en moi depuis 21 ans, il me fallait juste trouver le ton,le style, laisser passer le temps pour filtrer les émotions,
trouver les personnages . Un jour, je n'ai pu faire autrement que me mettre à écrire . Je crois que l'on n'écrit que parce qu'on y est obligé, par une tension intérieure .
Pouvez vous nous présenter votre livre en quelques lignes ?
AB : C'est l'histoire d'une famille bourgeoise parisienne confrontée au malheur absolu, le suicide d'un jeune de 20ans. Rien ne laissait présager un tel drame,
et pour les parents Pierre et Laura, la soeur Diane, le petit frère Alexandre ainsi que la mamie, il va falloir vivre avec cette douleur, ces questions, cette culpabilité. Le silence va
s'installer et la famille presque exploser. Il faudra la menace d'un autre drame pour que cette famille arrive à se parler et à vivre de nouveau ensemble, différents à cause du deuil, mais
ensemble quand même.
Le sujet est grave de votre livre est grave. Comment s'est il imposé à vous ? Je suppose qu'il vous touche particulièrement ?...
AB : j'ai perdu mon frère il y a 21 ans dans des circonstances comparables, mais pas analogues et je voulais témoigner de l'après .Comment arriver à se
reconstruire après un tel drame ? Qu'est ce qui fait une famille et peut on etre une famille après la perte de l'étre aimé ? Je voulais montrer que le deuil, quel qu'il soit, isole les gens
les uns des autres au lieu de les rassembler .C'est un voyage intérieur où chacun avance à son propre rythme.
Pour créer les personnages de votre roman, vous êtes vous inspirée de votre entourage ou ne sont ils issus que de votre imaginaire ?
AB : J'ai inventé un petit garçon, frère de Denis, le jeune homme qui se défenestre, car il sert à faire avancer l'action, il place les parents devant leurs
responsabilités : ils réalisent qu'ils ont, avec cet enfant, encore beaucoup à perdre. Je me suis inspirée de certains traits de caractére de ma famille, surtout ma grand mère qui était un
personnage très romanesque ! En ce qui me concerne, j'étais à l'époque la fille et maintenant je suis aussi la mère ( j'ai 5 enfants ), j'ai donc plongé dans ces émotions
ressenties et imaginées aussi à l'époque du drame .
Combien de temps furent nécessaire pour l'écriture de se roman, puis pour qu'il soit accepté par un éditeur. Avez vous eu des phases de découragement ?
AB : j'ai écrit le livre en 10 mois, ce qui est relativement rapide, mais après j'en ai fait 49 versions , ce qui a pris un an ! .J'ai eu des contacts
très fructueux avec des editeurs et j'ai failli signer avec deux grosses maisons. Cela ne s'est pas fait et je me suis un peu découragée,mais j'ai eu la chance d'avoir des gens autour de
moi qui croyaient vraiment au texte. Quand ramsay m'a telephoné et dit qu'ils le prenaient tel quel,ce fut une grande joie !
Depuis la sortie de votre livre, les critiques professionnelles sont élogieuses et les lecteurs paraissent tout aussi enchantés par leur lecture. Une telle reconnaissance pour un premier
livre, ça doit faire fichetrement plaisir ?!!
AB : oui, c'est une belle aventure ! Je savais au fond de moi que l'on pouvait aborder un thème grave si l'on se montrait sincère et si on ne rajoutait pas dans la
dramatisation, la souffrance. Les critiques comme celles de Pierre Assouline ont été capitales car elles ont fait connaître mon livre à un public large. Je recois des lettres
bouleversantes et des courriels aussi d'anonymes. Je les rencontre au cours des 3 signatures que j'ai menées et ils partagent avec moi leur vécu, leurs émotions. C'est très satisfaisant et
aussi bouleversant !
Votre roman est elle la promesse d'une nouvelle carrière, d'une carrière parallèle à la première, ou bien aviez vous juste envie d'écrire ce livre, > comme un coup d'essai ? En résumé,
d'autre projet romanesque en tête ou en court ?
AB : C'est une très bonne question ! J'aime mon métier de journaliste et je ne me vois pas du tout arrêter, le rythme me manquerait je crois ! Mais j'ai envie de
continuer à raconter des histoires et il me faut trouver le temps, entre ma vie privée et le boulot .J'ai plein d'idées qui courent dans ma tête en permanence, mais il faut qu'un peu de temps se
passe .pour l'instant je suis encore dans cette histoire là, de deuil et de retour à la vie.
Quelle genre de lectrice êtes vous ? Occasionnel, régulière, passionnée ? Si vous deviez partir en reportage demain pour une semaine au japon, suivit de 3 semaines en sibérie, quels sont les 3
livres que vous emporteriez ?
AB : Je lis enormement, environ 10 livres par mois en français et aussi en anglais car j'ai habité aux Usa pendant 5 ans et j'aime lire en VO. Ma
valise en vacances comporte plus de livres que de vêtements ! J'emporterai avec moi un ouvrage de Joyce carol Oates qui pour moi est une des meilleures écrivains américains et
aussi Philippe Roth. J'aime beaucoup Anne Marie Garat en France et je n'ai pas lu son dernier ( gros ) livre, je l'emporterai avec moi . Enfin j'aime la poésie et j'ai toujours une
anthologie qui traine sur ma table de chevet: celle de Patrick Poivre d'Arvor,toute récente, est très bien faite.
Enfin, on en revient au début... Vous êtes grand reporter. Si vous deviez réaliser un portrait d'un auteur (classique ou contemporain) pour un reportage télé ou un magazine,
lequel remporterait votre choix ? A qui
voudriez vous rendre hommage, ou qui rêveriez vous de rencontrer, d 'approfondir ?
AB : J'aimerai rencontrer Olivier Adam que j'ai vu au salon du livre et dont j'ai beaucoup aimé le dernier titre, mais je n'ai pas osé m'approcher ! Sinon je
serai ravie de prendre le thé avec Alice Ferney dont le talent me sidère. Et j'ai eu la chance de découvrir récemment Thierry Cohen,que vous avez recu sur votre blog : nous ne
nous connaissions pas et pourtant nos livres ( son premier pour lui ) parlent des mêmes choses. Nous nous sommes reconnus et tout de suite apprécié. C'est un maitre dans sa catégorie
et un homme formidable !
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 23 juin à 18:23
Un jeune homme sans histoires issu d’une famille bourgeoise qui semble imperturbable dans ses mouvements. Jusqu’au jour où le fantôme du suicide s’installe au noyau de leurs âmes.
« Denis d’Aubigné est bien mort, ce 23 janvier à huit heures du matin, dans la cour d’un immeuble bourgeois d’une rue paisible du XVe arrondissement de Paris. Vingt ans, sept étages. »
Les questions hantent les proches, bouleversent les existences insouciantes et transforment de façon irréversible le destin d’une famille qui semble maudite. Pourquoi nous ? Pourquoi lui ? Dans ce nid qui éclate du jour au lendemain, seule la grand-mère Mamina semble intouchable. Diane, la grande sœur souffre d’anorexique, Pierre, le père mythomane, part à la recherche d’un amour juvénile, Laura, mère carriériste redécouvre une passion cleptomane…La dérive d’Alexandre, le cadet de la famille qui veut reproduire l’envol manqué de son frère, vient secouer, encore une fois, la folle mélancolie de la famille…
Pour tous ceux qui se rassurent à l’abri du silence en murmurant « ça ne peut pas m’arriver »…une épreuve de style dense, dur et douloureux comme un suicide.