Lu ces jours-ci, comme autant de petites pierres lestant mon temps enfin rendu, deux polars et demi, deux pièces et deux livres de pure théorie littéraire. C’était mon plaisir de la semaine, je suppose, un plaisir légèrement trop boulimique. Il m’en est resté un mauvais goût dans la bouche.
Ce sont surtout les polars qui m’ont lassée à peu près aussi vite que je les ai lus. Il est temps sans doute que je reconnaisse ce genre mort pour moi, au moins en hibernation, puisque je n’y trouve même plus le sentiment de léger tournis qu’il savait susciter autrefois. Restent les pièces, alors. Et dire que je les ai lues est abusif, car il s’agissait d’une énième reprise, d’une énième plongée nécessaire dans ce qui est le cœur des choses. Mais c’est Racine, bien sûr. Racine dont j’avais besoin comme de vacances après une période de travail un peu trop stérilisante. Comme de vacances ? Non, cela ne suffit pas, cela ne suffira jamais à dire l’impérieuse nécessité qui m’a contrainte à retourner à mes livres d’autrefois. Alors demain, ce sera une journée Racine sur ce blog, juste pour le plaisir, juste parce que jamais langage ne fut plus pur que le sien, juste parce qu’un vers me semble parfois pouvoir racheter le monde. Demain sera mon hommage à Andromaque, femme, épouse vivant à l’ombre des morts, rattachée aux vivants par le souvenir d’Hector dans les yeux de son fils, mais déjà si loin, déjà vouée à la dignité de l’absence. Déjà ailleurs.