Magazine Journal intime

Frottez bien …

Publié le 16 avril 2009 par Wawaa

La polyvalence, j'adore. Je sais, je l'ai déjà dit en évoquant mes sombres histoires d'employée commerciale qui nettoie le parking. Mais la Polyvalence c'est quand même se donner l'occasion de toucher à plein de domaines différents, plein d'activités trépidantes et d'étoffer son Cv. La polyvalence est à même d'améliorer les performances physique. Tenez, par exemple, depuis que je suis employée commerciale, j'ai le poignet plus souple, plus entrainé. Laissez votre imagination salace de côté, merci. Ce que je veux dire, c'est que frotter en cercle concentrique sur les surfaces planes, est devenu une de mes spécialité.
D'abord, les vitres. Grandes. Très grandes. Les portes automatiques des supermarchés et les vitres tout autour, ça n'a rien à voir avec la petite fenêtre de la cuisine. Et comme nous avons la folle idée d'y coller à larges bandes adhésives des affiches promouvant les festivités du coin et du moment, quand il s'agit de les nettoyer, c'est tout simplement, l'enfer.


*frott frott frott*


Et ça continue encore et encore. C'est que le début d'accord d'accord. Quelque chose reste collé. Un amas presque translucide, et qui quand on frotte par-dessus, dégueulasse la vitre entière. Alors on frotte encore et encore. On en finit pas. Jusqu'à ce qu'en désespoir de cause on s'y attaque au dissolvant. Et le dissolvant, ça pue. Ca décape les sinus, ça fait un peu tourner la tête. Mais on s'en fout, tout ce qu'on veut c'est qu'enfin ces bordels de vitres toutes crades soient propres. Ne supportant plus le dissolvant, on nous conseille de prendre des lingettes spéciales vitre. Et là, ô miracle, la colle se dissout, se désintègre, la voilà éradiqué. NON MAIS VOUS AURIEZ PAS PU ME LE DIRE AVANT ? Crotte de bique.


Comme vous êtes toute seule en caisse et qu'en attendant les clients on vous a donné l'ordre de nettoyer ces vitre, vous courez entre votre point de nettoyage et votre caisse. Vous souriez aux clients malgré votre sombre envie de râler copieusement, un peu plus quand l'un d'entre eux fait remarquer l'odeur de dissolvant qui ne veut pas disparaître, coriace, tenace, elle lèche le nez de tous ceux qui passent par là.


Une fois les clients partis, vous retournez à votre poste de frotteuse de vitre, espérant finir vite, parce que mine de rien, ces grandes vitres, ça tue les bras et le dos avec. Quitte à se handicaper un peu, autant répartir la douleur. Et là, c'est pas de chance pour vous, parce que le "trop rigolo de service arrive", celui que d'habitude vous trouvez quand même sympa quoiqu'un peu lourd, mais que vous n'avez surtout pas envie de voir à ce moment là. "Hey si vous voulez vous pouvez venir faire les vitres chez moi juste après, hahahahaha" ou "Alors ça frotte ?". Non non, je mange des sardines à la tomates là, ça se voit pas, connard ? Non mais c'est vrai, de quoi je me mêle. Est-ce que quand ils vont faire caca, je m'amuse à taper à la porte et à dire "Hey, si vous voulez vous ne venez surtout pas faire chez moi, bonjour l'odeur " ou "Alors, ça sort ?". Vous continuez votre activité de frottage, rien à foutre de ce guignol qui se croit drôle. Et une fois que vous avez fini, 15 minutes plus tard, une collègue se ramène avec des tas d'affiche à coller. Vous êtes absolument ravie, ou pas.


Y'a pas que les vitres à frotter, non. Ca serait pas drôle sinon. Pour exercer son bras, il y a aussi le fabuleux pot de confiture suicidaire. Celui qui, dans sa condition de pauvre pot de confiture abandonné dans le rayon, ne supporte plus de voir passer les gens et de ne pas être acheté. Bizarrement il saute et CHPLACH. Il s'écrase par terre, inexorablement. Et surtout, c'est jamais la faute à personne. Comme si les gens croyaient que, comme ils l'ont cassé, on va leur faire payer. On n'est pas comme ça , nous. Et donc, en général, un client vient vous voir et vous dit "Bonjour" (enfin, pas toujours), "Y'a un pot de confiture cassé dans un des rayons". Jamais "J'ai cassé un pot de confiture" comme si ça ne leur arrivait pas à eux, de casser des trucs. Bref, vous accourez, avec votre papier essuie-tout, pour sécuriser les environs. Et oui, une petite vieille qui se casse le fémur ou la clavicule en glissant là-dessus, ça pourrait nous coûter cher. Délicatement, vous ramassez les morceaux de verre. Puis vous ramassez la confiture très collante avec le papier. Enfin, voyant que vous n'en sortez pas de ce merdier, vous décidez d'aller chercher un pshitttt pshitttt qui sert à nettoyer les caisses. Pshitttt pshiiiiit la confiture d'abricot. Et hop, en trois ou quatre cercles de frotti frotta, le carrelage est comme neuf, jusqu'au prochain suicide de pot de confiture ou de bouteille de vin.


Il y a une autre activité enrichissante en matière de frottage : le nettoyage d'étagères des rayons. Personnellement, je n'ai pas souvent le temps de pouvoir nettoyer les étagères de mon rayon. Je vous laisse donc imaginer au bout d'un an, dans quel état étaient les étagères du rayon soda ou du rayon vin. Une véritable catastrophe pleine de poussière collée. Dans ces cas là, dès qu'on trouve du temps, on chope un seau plein d'eau chaude savonnée, une éponge grattante, du papier et on ouvre les vannes pour l'huile de coude, et on enlève les articles, et …on frotte. L'étagère du bas est la pire de toute. Non seulement de ramasser toute la merde, elle est …en bas. Votre dos aime. Et si votre dos n'aime pas, il y a la solution genoux. Et si vos genoux n'aiment pas il y a la solution "fesses par terre". Mon dos et mes genoux n'aimant pas, en général je m'allonge presque par terre, et je frotte, je frotte, jusqu'à ce que le blanc originel de l'étagère ressorte et brille à la lumière. Et le lendemain, vous cassez à l'endroit que vous avez nettoyé, une bouteille de gros qui tâche. Bonheur assuré. Croyez-moi !


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