"[A]ujourd’hui le monde d’Astérix a disparu, et pas seulement par suite du décès de son créateur.
Car l’Astérix réel, version 2009, ne fait plus rire.
En 2009, le village d’Astérix ne résiste plus : il est occupé par les Romains, les Turcomans et les Numides. Il ne revendique plus la fière indépendance mais seulement la lâche «autonomie». Il subit toujours plus la loi du César des Grands-Bretons. Dans le village franco-gaulois de 2009, Astérix a pris la mauvaise place du barde : c’est lui et les Gaulois qui sont désormais bâillonnés pendant que les étrangers au village festoient sous la lune… D’ailleurs on ne mange plus de sanglier : pour ne pas offenser les Turcomans et parce que cela faisait trop terroir. Le chef n’est plus le débonnaire Abraracourcix, et sa femme n’est plus la farouche et aimante Bonnemine. Le chef est désormais un barde qui assourdit et fatigue tout le monde par ses cris et ses gesticulations : il se nomme Iznogoud. Bonnemine est devenue une harpie féministe : elle fume toute la journée en lisant Libération et refuse de faire la cuisine. Obélix, le compagnon d’Astérix, ne gagne plus sa vie à livrer les menhirs : ceux-ci sont maintenant fabriqués à bas prix en Perse et convoyés par des galères phéniciennes. Obélix est inscrit au Pôle Emploi.
Ce ne sont plus les Romains et les pirates qui ont peur des baffes : ce sont les Gaulois. Les Franco-Gaulois ont peur de tout désormais : peur du risque, peur du réchauffement climatique, peur de perdre leur emploi, peur de la répression « antiraciste », peur de déplaire aux Turcomans et aux Numides, peur de la police, peur des juges, peur des voisins, peur des enfants. Quant au druide, il ne fait plus de potion magique et ne sauvegarde plus le clan : il est devenu travailleur social pour l’insertion des esclaves de la banlieue romaine."
MJ