A quatre ans,on dit
tout à sa maman, on lui raconte ses problèmes et les bobos que la vie nous fait.On trouve reconfort dans les paroles maternelles et les soucis de la veilles s'évanouissent dans la nuit, aussi
vite qu'ils sont venus.
A quatorze ans, on dit tout à ses copines,on leur raconte les ruptures, les coups de coeurs, à n'importe quelle
heure du jour et de la nuit. On ne cache rien, on dit tout, on pleure au téléphone à deux heures du matin et on trouve réconfort dans les paroles amicales et le partage des expériences. Les
soucis de la veille semblent moins importants au matin mais on commence à récolter sur l'âme comme autant de petites coupures sur le corps...
A vingt-quatre ans, on ne dit plus tout, à personne d'ailleurs. On n'appelle personne au milieu de la nuit, ni sa
mère ni ses amies, mêmes les plus proches. Malgré la douleur, les souffrances, l'angoisse et même les liens qui peuvent nous unir aux autres, la volonté d'être transparente... on se
tait.
Never explain, never complain.
Pudeur ? Peur de paraître faible ? Volonté de s'en sortir seul ?
Qu'est ce qui nous pousse vers cette retenue, ce renfermement ?
Les couches se font de plus en plus nombreuses et de plus en plus épaisses pour atteindre les tréfonds de l'âme.
On a besoin de plus de temps, plus de confiance, plus de verres d'alcool ou de fous rires pour s'ouvrir, dévoiler ses angoisses profondes, ses désirs cachés.
On dirait que les coups qu'on a pu prendre nous ont rendu méfiant. On dirait qu'à l'heure du grand déballage de
vie privée sur Internet, on a renforcé ses défenses personnelles. On dirait qu'il est plus facile d'afficher ses états d'âme en ligne que de dire à son père qu'on l'aime, à sa meilleure amie
qu'on a peur ou à ses collègues qu'ils sont des gens géniaux.
Et si à la fin, on ne dit plus rien ?