Le Strip-Tease À L'Envers.

Publié le 20 avril 2009 par Mélina Loupia
C'est un endroit, qui ressemble à...
Aucun autre en fait.


Au départ, quand Nicole m'a proposé l'inscription, j'ai vu que " 3 jours ", " Montpellier ", "stage ".
Forcément, j'ai soufflé comme une bufflonne à laquelle une nouvelle fois, on refusera sa mozzarella, lui préférant la vache.

3 jours, en stage à Montpellier, la ville du Nord de l'Europe, larguer les mômes, la maison et le reste.
Rouvrir un cahier, tenir un stylo, apprendre, se confronter.
Plus pour moi.

Puis surtout, prendre la voiture et conduire loin, longtemps, chercher les rues, se paumer.
MA voiture.
Mon Hummer.


Mais j'ai dit oui.

Après tout, s'agissait d'apprendre des choses.
Pour ça, je suis souvent partante.

Alors je suis partie.

J'ai réalisé une fois assise dans une salle comme de classe, avec des tables, un tableau blanc et des ordinateurs, que j'étais pas là pour rigoler.

Le premier intervenant, habitué des lieux, est entré, souriant et détendu comme un Carambar dans un micro-ondes.

Patrick Lallemant.

Inconnu à mon bataillon.
Juste journaliste indépendant, dont le déroulé du CV nous a immédiatement mis dans l'ambiance.
France Info, RFI, et j'en passe et des livres écrits. Tout un arsenal.
Tout de suite, on a compris qu'il était pas là en haut et nous en bas.
ON était ensemble pour apprendre, échanger et avancer.

Son accompagnateur pendant l'aventure, n'est arrivé que le lendemain, tout en exubérance, mais avec une telle volonté de donner qu'il s'en est donné.

André Morel.

Comédien de son état, mais pas que.
Un bélier, son théâtre et cheval de bataille.
Le zoïde qu'il est comme la plupart d'entre nous, mais avec le truc en plus, pas en plume, en chair, en os et surtout en voix.

Déjà, j'ai pris une bonne claque.
C'est pas parce qu'on connaît pas les gens qu'ils sont pas des grands gens.

Et moi, du coup, petite comme tout.

J'étais finalement dans le sein des seins, en compagnie de grands, très grands professionnels.
Très grands parce que malgré leur parcours enviable, jamais, jamais, et à aucun moment de ces 3 jours, je ne me suis sentie derrière une barrière.

J'étais là pour apprendre, mieux faire, et comprendre ce que je faisais alors comme en dilettante.
Ils étaient là pour transmettre, tirer vers le haut et partager ce qu'ils avaient appris.

Placer sa voix.
Rédiger l'info.

En soi, rien de bien tremblant.

Pourtant.

Je me suis retrouvée comme le jour de ma première leçon de conduite, toute fière d'annoncer au moniteur que j'avais déjà conduit souvent avec mon grand-père.
Au bout de 500 mètres, on a tout arrêté et il m'a comme effacé le disque dur.
Je n'avais retenu que les mauvaises habitudes de l'ancien conducteur.

C'est ce que Patrick et André ont fait avec moi.

Désapprendre.
Tout doucement.
Garder ce qu'on aime faire, mais mieux le faire.
Respirer à l'endroit et non pas à l'envers.
Se tenir droit.
Les pieds à plat.
Cibler l'info.
La réecrire.
Se l'approprier.
Simplifier, mais pas couper.
Aérer les mots.

3 jours.

3 papiers écrits, réécrits.
Dits et redits.
Bafouillés, savonnés, déclamés, répétés, torturés.

Et finalement aimés.

Répéter son texte dehors sur le gazon.
Dans les escaliers.
Au micro.
Devant.
Derrière.

Rire de soi, puis des autres aussi.

Les autres.

Camille et Stéphane, qui ont accouché d'eux-mêmes. Méconnaissables.
Nicolas et Sébastien, comme Thierry Rolland et Jean-Michel Larqué, le sport avant tout, avec toute l'énergie mal canalisée dans la voix.
Thibaud et Gabriel, sombres mais profondément attachants, convaincus, combattants volontaires de l'info autrement.
Laurent, la voix chaude du président de sa radio, à priori pas là pour la déconne, et carrément à se taper la cuisse de rire à la fin.
Grégory, le fan de Sardou, une tête de beau gosse avec une voix qui fait vibrer le moindre poil.
Nicole, la secrétaire qui monte au créneau tout le temps, pour tout le monde, qui a peut-être compris qu'elle, c'était pas mal non plus.

L'équipe de stagiaires qui se sentait pas vraiment à sa place dans son étiquette de radio associative, puis qui s'est vite aperçue qu'ici, si tu veux apprendre, qui que tu sois, tu es le bienvenu.

Des gens de la télé, de la radio, de la presse écrite.
Des profs, des élèves.
Des directeurs.
Des assistants.
Tout le monde qui se croise dans les mêmes couloirs, qui se bat pour avoir le studio son ou télé.

Et puis vendredi soir arrive.
Finalement, on se dit au revoir, on en fait pas des tonnes, puisqu'on s'est échangé les mails et les portables.
Facile.
On se doit rien.
On est des grands, on sait qu'on se reverra peut-être jamais alors les grandes phrases, les promesses de faire un apéro ensemble hein...

Repartir, prendre l'autoroute, doubler des camions, des BMW, trouver ça fastoche finalement.
Rentrer à la maison.
Revoir le ménage en retard, dont on avait dit qu'on le ferait en arrivant.

Tenter de retrouver son petit monde avec ses habitudes.
Redevenir la simple attachée culturelle d'une radio locale associative sur le point de crever la gueule ouverte.
Et se dire qu'importe.
On aura vu du beau monde.
On aura appris de belles choses.

On sera arrivé mal habillé.
On sera repartis nu, mais beau.

Lentement, je me rhabille.
Mais je choisis mes fringues et mes accessoires avec peut-être plus de goût.