Lu sur Liberté Politique :
"La haine insensée que suscite Benoît XVI depuis quelque temps mérite
réflexion. Elle rappelle l’époque où chaque mot d’un gibier facile,
leader nationaliste ou populiste, était extraite de son contexte et
manipulée à souhait par de comiques commentateurs.
Il y donc a eu l’épisode regrettable de l’évêque Williamson, dont on ne
voit pas comment le pape aurait pu mieux se sortir, à moins de déclarer
la shoah article de foi et d’excommunier tout négationniste en
conséquence (...)
Puis
celui encore plus lamentablement exploité du préservatif en plein vol,
où le pape n’a fait qu’énoncer une évidence digne de lui et de son
message : le préservatif ne peut pas tout, tout comme l’État ne pouvait
pas tout au temps de Jospin. Sur le sujet du préservatif, les
scientifiques qui ne sont pas de mauvaise foi (c’est-à-dire pas
terrorisés par les médias) donnent bien sûr raison au pape : par
exemple, Edward Green, directeur du Aids Prevention Research Project
(APRP) de l’université de Harvard (...)
Mais
rien n’y fait : le pape est devenu un sous-homme à abattre, un bouc
émissaire, et les médias mimétiques, pour reprendre un lexique
girardien, s’acharnent pour le descendre.
Cet homme de foi et
de talent se voit reprocher sa nature d’allemand et sa culture
philosophique — car on se doutait bien que la démonstration des
Bernardins où Benoît XVI avait écrasé intellectuellement la concurrence
laïque aurait son Choc en Retour. L’ennemi vaincu voulait sa
revanche, et comme l’ennemi vaincu n’est ni très intelligent ni très
élégant, il a choisi la nazification.
Lénine disait que le
communisme, c’étaient les soviets et l’électrification : eh bien le
néo-communisme planétarisé dont Obama est l’un des prophètes, ce sont
les mauviettes et la nazification. La pensée binaire facilitée par
l’abrutissement informatique nous donne à choisir entre la porte de
droite et la porte de gauche, entre le oui-da aux médias ou la
Résistance, et celle-ci signifie la nazification et la mise au ban de
cette bonne société (...)
On ne discutera ni de Thomas d’Aquin ni de
Duns Scot, on parlera de liberté sexuelle. Cette médiocrité
intellectuelle va de pair avec l’insulte de l’adversaire, d’ailleurs
héritée de toutes les bonnes hérésies et même de la tant vantée
philosophie des Lumières (« Il faut écraser l’Infâme ! ») (...)
Et les médias ont beau inciter à la haine antipapiste comme des
prédicateurs puritains, ils ont beau appeler au lynchage médiatique en
attendant mieux (envoyer les « jeunes » incendier le Vatican, avec le
pape et ses bulles au milieu ?), ils ont beau dire que les octogénaires
horrifiés de Vatican II fuient les églises, ils ne peuvent empêcher
l’objet de leur haine éternelle, le catholicisme, de croître et de
multiplier, et de retrouver ses racines intellectuelles et
eucharistiques sous la houlette de notre bon pape. Et le reste est
littérature".
Lahire