On parle partout de l'interprétation de Susan Boyle ces temps-ci. Vous avez probablement vu la vidéo sur Youtube. Sinon, allez la voir ICI, je vous attends.
Alors?
Ça vous met la larme à l'œil, non?
Son interprétation de la chanson «I Dreamt a Dream» des Misérables vaut le détour, hein?
Le vilain petit canard qui devient un cygne?
Pourtant…
Sur le coup, c'est ce que j'ai cru aussi. Puis, j'ai relevé la garde.
Au-delà de ce public qui crie et applaudit à tout rompre sans réellement écouter Susan Boyle (quelqu'un peut me foutre dehors cette culture criarde et insupportable?), quelque chose en moi grimaçait. Et ça se déroule avant que madame Boyle ne chante.
Tout le monde (du moins c'est ce que laisse entendre la caméra), nous compris, se moque de cette femme. Parce qu'elle ne rencontre pas les critères de beauté de notre société, qu'elle semble avoir le double de son âge et qu'elle nous aparaît légèrement abrutie et peu dégourdie, imbue d'une assurance démesurée et ingénue.
Il y a quelques semaines, on discutait des enfants souffre-douleur dans nos écoles, de leurs insoutenables bourreaux, de l'exemple que ces derniers tirent d'on ne sait où. Et voilà cette vidéo. Une femme qui chante Les Misérables devant une salle comble de bourreaux, avec des caméras de bourreaux, regardée par des millions de bourreaux. Comme métaphore, on ne peut mieux!
Bien qu'elle remportera probablement le premier prix à Britain's Got Talent, Susan Boyle ne mérite pas de gagner; elle a chanté comme des centaines de jeunes femmes en sont capables. C'est plutôt nous qui méritons de perdre. Nous et nos préjugés préhistoriques. Nous et notre petit rire moqueur. Nous et notre soudain intérêt pour cette dame qu'on a depuis toujours rejetée.
La prochaine fois qu'elle montera sur scène, j'espère qu'elle nous crachera au visage.
Depuis le temps qu'on le mérite.