Tout d’abord, il y a cette nouvelle, lue au petit-déjeuner : L'ex-patron de la banque franco-belge Dexia, Axel Miller, a reçu une indemnité de départ de 825.000 euros après avoir annoncé fin septembre sous la pression du gouvernement français, qu'il ne demanderait aucun dédommagement suite à sa démission. Dexia a par ailleurs versé 8 millions d'euros de bonus à ses cadres dirigeants, révèle Libération.
Et puis, fort logiquement, l’interrogation qui va avec : Comment, alors que d’autres avant lui en ont fait autant et ont été vertement rappelé à l’ordre par le monde politique, journalistique, populaire etc. un type, à priori intelligent et posé (accordons lui le bénéfice du doute, il n’est certainement pas arrivé là par hasard), peut-il se permettre ce genre de choses ? Est-il naïf au point de croire que cela passera inaperçu ? J’en doute. Alors quoi ?
Oui, quoi ?
Désireux de comprendre (c’est un de mes principaux défauts), je me suis alors souvenu d’un petit texte, paru en 1922 (je sais, ça ne date pas d’hier) et signé du grand poète portugais Fernando Pessoa (je sais, j’ai des références et je me la pète). Ce texte s’intitule : " Le banquier anarchiste ". Son titre m’avait intrigué à l’époque (curiosité malsaine en ces temps d’ultra-libéralisme destructeur mais que voulez-vous, je suis un rebelle, c’est comme ça (dédicace spécial au Sicilien qui se reconnaîtra)). De quoi s’agit-il ? Voici, succinctement, le " pitch ", comme on dit, de cette nouvelle, en prose, la seule de Pessoa :
À la fin d'un dîner le narrateur demande à son interlocuteur, un banquier, comment ce dernier réussit à exercer une profession telle que la sienne, un gros commerçant et accapareur notable, avec ses prétendues convictions anarchistes. En virtuose de la logique, le banquier explique comment il est devenu anarchiste ou, plus exactement, l'anarchiste démontre pourquoi son emploi de banquier était le seul processus d'action anarchiste vraiment réalisable. Le banquier explique que sa théorie doit aboutir à " une révolution sociale préparée par un travail intense et continu, d’action directe et indirecte, tendant à disposer tous les esprits à l’avènement de la société libre et à affaiblir jusqu’à l’état comateux toutes les résistances de la bourgeoisie "...
Je tenais là mon explication ! En agissant de la sorte, l’ex-patron de Dexia (la banque des collectivités locales, faut-il encore le préciser ?) prouve son engagement politique ! Profiter des failles d’un système afin de créer le scandale et ce, dans l’unique but de montrer à tous les excès et les limites du système qu’il combat dans le but de créer un mouvement populaire tendant à le mettre à bas et à engendrer la société idéale pour laquelle il lutte depuis des années... L’homme n’a donc pas agit par intérêt personnel mais par conviction politique. Infiltrer le système afin de le faire imploser !
Et Julien Coupat qui dort toujours en prison sans preuve de sa culpabilité (voir Charlie Hebdo de cette semaine)… Sont vraiment trop forts ses banquiers ! ! Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu