Si j’en crois ma mère, je suis née les sourcils froncés et la voix haut perchée. Un cri déchirant. Je suis née en colère et ne conçois même pas qu’on puisse ne pas l’éprouver ou pire s’en défendre. Avec le temps, je suis persuadée que cette colère me précédait, qu’elle arrive de loin et qu’elle se transmet aussi. Je suis même plutôt fière que mes enfants portent en eux cette capacité d’indignation.
Ma colère est ancrée, colle, erre en moi depuis une éternité. Même si la tentation d’une tentative de « gérer » ce trop plein d’émotions, comme le veut la tendance zen m’avait effleurée, je sais d’avance que c’est peine perdue, que chaque heure, chaque minute, chaque seconde est source d’indignation et de colère.Le nier revient à se soumettre au diktat ambiant, je n’ai pas de temps pour la sagesse, elle viendra bien assez tôt, nul besoin de me préparer à ce mortel ennui, nulle envie de comprendre les autres, ceux qui veulent que je me calme ou me donnent des leçons de « tolérance ».
Je ne me défends pas lorsqu’on avance l’idée toute faite que la colère est le signe d’une faiblesse certaine. Bien sûr que je suis faible, encore heureux ! Et alors ? Ma colère est ma source d’énergie, inépuisable, mon encre insatiable qui coule à flots. Elle est mouvante, s’adapte jusqu’à prendre chacune des teintes de mon arc en ciel, du gris clair au noir le plus profond. Je la trouve seyante, ma colère, elle me plait ma colère, elle me guide ma colère, ma mauvaise conseillère, ma compagne de fortune et d’infortune….
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 08 mai à 15:53
Une colère saine, en fait...^^;P