Amis

Publié le 24 avril 2009 par Dunia

Anniversaire

Casse-tête vestimentaire

Ce soir, je suis invitée à l’anniversaire de Candela, sans doute ma plus ancienne amie. Nous sommes contemporaines. Nous nous connaissons depuis la deuxième année primaire. Peut-être même avant. Avec le temps nous sommes devenues très différentes. La vie nous a conduit sur des chemins totalement opposés mais nous sommes restées amies elle, la femme dynamique évoluant dans les hautes sphères des entreprises d’envergure internationale qui assoient la réputation de l’industrie suisse et moi, l’artiste fauchée, limite maudite. Je ne l’ai pas vue depuis longtemps. La rupture, le déménagement, l’écroûlement du projet de création d’une société, l’engluante dépression qui en a suivi, m’ont obligé à m’éloigner de mes rares amis afin de lécher mes plaies en solitaire. Durant deux ans, près de moi je n’ai accepté que Vicky. Sans doute parce qu’elle comprend ma passion pour les rats et surtout… parce qu’elle s’est accrochée malgré l’attitude rejetante que j’ai parfois. Vicky a vaillamment supporté mes multiples bas, mes rares hauts, et tous mes états d’âme les plus désagréables. Elle était là et je la sentais apte à tolérer la vision de mes blessures. Durant la jeunesse les amis s’accomodent de nos lésions. Plus tard, quand chacun a mené ses guerres, quand chacun a eu son lot de souffrance et de trauma souvent publiquement endurés avec le sourire, partager son fardeau s’avère plus délicat. Les autres se lassent vite de nos larmes, de nos états dépressifs. Pour cette raison, quand je vais mal, je me retire du monde, chose qui m’arrive régulièrement et toujours durant de longues périodes. Peu d’amis résistent à mes retraites. A mes silences. D’où leur rareté. Candela, à l’instar de Marine, accepte mes replis. Quand j’en sors, elle est toujours là. L’autre jour, je lui ai envoyé un texto pour son anniversaire. Elle m’a répondu par une invitation à apéritif qu’elle organise pour fêter le nombre des années et l’installation dans un nouveau chez-elle. J’ai accepté. En retour j’ai reçu un sms enthousiaste me signifiant sa joie de me revoir. Passé le bonheur des retrouvailles à venir, depuis hier je m’arrache les cheveux. Que vais-je donc mettre ce soir? Mon amie m’accepte telle que je suis cependant, malgré tout le respect que j’ai pour la paysannerie, parmi des gens sapés ultra-classe je n’ai aucune envie de me distinguer avec mes allures d’agricultrice venant de traire ses vaches. Mon problème: les chaussures. Ah! Et puis un haut qui aille avec un bas. J’ai des choses sympa dans mon placard, mais je ne suis pas sûre de trouver une jupe ou un pantalon pouvant s’assortir avec un chemisier ou un pull sans qu’ils choquent avec la seule veste de saison que je possède. Et aux pieds? Que vais-je mettre aux pieds?

Du coup, comme je travaille par mandat, j’ai décidé qu’aujourd’hui il était dimanche. Que je prenais ma journée afin de réfléchir à ma garde-robe et multiplier les essayages. J’ai envie de refaire mon entrée dans le monde sans stress ni angoisses.

Mon sempiternelle problème: les chaussures. Non! Ce pied, pas plus que l’escarpin qui le chausse, n’est à moi. Je suis incapable de supporter ce type de soulier que je ne trouve pas très joli soi-dit en passant.