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Le symptôme du G20

Publié le 06 avril 2009 par Kasparov
Le symptôme du G20
Le Symptôme G20
Dans l'ordre de la politique, il convient de bien distinguer symptôme et pathologie. Un symptôme est certainement révélateur d'une pathologie. Mais l'on peut bien traiter le symptôme sans que la maladie soit pour autant vaincue. C'est en ce sens qu'il est raisonnable de parler d'un symptôme G20, c'est-à-dire d'un traitement si superficiel de la crise économique et sociale qu'il semble à tout égard indifférent à la réalité de la maladie profonde.
Le propre du G20 est de vouloir guérir du symptôme... Point de la pathologie. Celui-ci, cette fois-ci, il est vrai, est d'importance. Et il faut, en effet, des capitaux importants, et une sorte de retour paradoxal de « L'Etat providence » dans la danse capitale pour en effacer les stigmates.
Ce qui en dit long, du reste, sur le sens de l'Etat contemporain : il est devenu cette Puissance toujours solvable qui viendra secourir les Structures privées en faillite - structures dont la crédibilité financière est pour leur part limitée, fussent-elles mondialement actives. Providence de l'Etat d'un nouveau genre, en effet, si les Etats sont désormais les garants divins des mouvements guerriers, indécents ou surréalistes du capitalisme naturel.
Cette crise aura rappelé qu'il y a un abîme sous-jacent à la circulation des flux financiers abstraits, mais dont la vacuité ne se révèle qu'au moment où il devient totalement impossible de dissimuler l'écart entre la vie concrète et le capital abstrait. Il fallut la faillite personnelle et concrète des Américains endettés pour que la valeur réelle des subprimes devienne clair. En attendant, on pouvait jongler dans l'abstraction capitale...
De même que ces Américains pauvres, victimes, pouvaient, comme nous, jouer avec leurs crédits en cavalerie jusqu'à un certain point, ayant eux-mêmes, comme nous tous devant les DAB, un orteil (mais vital) dans l'incroyable système du Capital virtuel. Un temps. Avant la vente de tous leurs biens.
Qui pourra donc désormais définir l'Argent ?
Voilà donc, en tout cas, tout ce qui est attendu de l'Etat : sa providence est de relancer la machine... Effacer le symptôme.
Quelques remarques plus directes sont utiles. Un G20, en effet, fait théâtre.
1.On appellera « simulacre » l'attitude offensive de Nicolas Sarkozy, se disant prêt à quitter la réunion si les mesures prises n'étaient pas à la hauteur de ses espérances ''morales''... (Simulacre déjà agissant, ces derniers temps, dans les déclarations gouvernementales sur les primes patronales. Ce qu'il faut traiter, c'est toujours une structure inégalitaire, en elle-même, et non pas des points particuliers. Exhiber les points particuliers, c'est donner le sentiment que l'on traite la structure pour mieux faire oublier sa persistance.) Quel beau numéro, en vérité ! Ce que j'appelle l'a-typie est d'un bien autre courage : cela suppose que l'on mette sérieusement en cause la supériorité de la Propriété privée sur l'Egalité. Ici, tout était évidemment joué, au tour de piste près de la France m'as-tu-vu.
2.On a beaucoup insisté, dans les médias, sur la liste grise des paradis fiscaux – liste de surcroît malhonnête. Croit-on que l'on résoudra la question mondiale en montrant du doigt quelques nids à frics naturellement adaptés au système ?
3. Que contient donc, au juste, la résolution du G20 ?
Vous pouvez analyser ici (à la fatigue ou l'illusion rhétorique près...) le texte final. Qui se réduit, pour les moins scrupuleux, à ceci :
a- Une liste partiale des paradis fiscaux.
b- Injecter 1100 milliards de dollars dans le FMI (le centre de redistribution abstrait). (Notez bien, sans cynisme inutile, qu'un tout petit pourcentage de cette somme nous manquait depuis des années et des années, nécessairement, pour éradiquer durablement la faim et la maladie des moins riches... C'est cela le capitalisme abstrait.)
c- Augmenter l'effort fiscal du plus grand nombre des citoyens en vue d'injecter les dits milliards.
d- Quelques réglementations prophylactiques sur les fonds à risques, les règles comptables et les agences de notation.
On dira donc que le patient qui ne souffre plus des symptômes est à moitié guéri, ce malade imaginaire...

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