" Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s'annonce comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s'est éloigné dans une représentation."
Guy Debord
Dimanche 6 juin 2008. Ce n’est pas le Jour J. Mais une surprise pour ces millions de téléspectateurs qui s’attendaient à assister à la projection d’un film banal et divertissant sur la chaîne la plus populaire (un homme, incarné par l’acteur Mel Gibson, acquiert soudain le pouvoir d’entendre les pensées non formulées des femmes ; tout un programme, en effet). Mais voilà qu’est diffusé le film de Guy Debord, La société du spectacle, à l’heure dite, en lieu et place de Ce que veulent les femmes. L’explication est simple : l’équipe des techniciens a organisé ce hold-up intellectuel. 6 ou 7 personnes, tout au plus, évidemment congédiées à la suite de leur performance, ont arrangé le coup, histoire de rire ... et de réfléchir.
Stupeur des spectateurs, entre Noir et Blanc, images de masses, de guerre, de foule, ritournelle des dénudés féminins s’interposant. Paroles incompréhensibles de la voix-off, dont la profondeur hermétique est sans pareille.
Certainement, le plus gros du troupeau migre sur d’autres chaînes, agacé et confus. Mais non tout un chacun.
La direction, avertie et impuissante, hésite. Que faire ? Couper l’antenne, c’est-à-dire aggraver le mal. Envoyer la police pour défoncer la porte et forcer ce petit studio dont le médiatisme atteint des millions de personnes, à se rendre...
Le film de Debord s’achève... Du moins, rêvons un peu.
Les jours qui suivent sont l’occasion de quelques débats médiatiques sur ce coup de force.
http://www.youtube.com/watch?v=oyhPAiWl_KU&feature;=related
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