Bernard Werber, dans ces récits fantastiques sur "l’après
vie", les décrit ainsi.
Des enveloppes translucides survolant leurs corps "physiques" que la vie vient
de quitter, observant ce bas-monde avec la soudaine révélation du savoir
universel et une âme d’une pureté ultime, avant de se laisser entrainer vers la
lumière de l’infini…
Bien sur, ces entités
poétiques sont issues du cerveau d’un auteur brillant et visent à faire
fonctionner l’imaginaire du lecteur jusqu’au moment ou il refermera le livre,
et retournera à sa réalité de terrien normal.
Personne ne sait si Mme Royal lit du
Werber…
Toujours est-il qu’elle a visiblement décidé de ne pas attendre son trépas pour
s’élever au dessus de ses congénères, et ainsi leur délivrer la quintessence de
sa plénitude en pointant son doigt rédempteur vers ceux que la raison aurait
abandonné.
On peut difficilement imaginer que la seule lecture de
Libération de la semaine dernière ait pu provoquer chez elle
cette lévitation. En effet, voilà bien quelques années déjà qu’elle a entrepris
de se laisser pousser la tronche au point de considérer qu’elle est l’unique
détentrice des valeurs fondamentales, et que lui incombe l’exclusivité de la
distribution des leçons de savoir vivre aux âmes politiques égarées.
Là visiblement, une étape est franchie : Marie Ségolène a
touché le firmament…
La voilà sur le chemin du pardon au nom du peuple de
France.
Le peuple de France, c’est ce ramassis de brebis dociles et
innocentes qu’un parangon machiavélique aurait entrainé dans les limbes de sa
morale corrompue.
Vous savez, cette grosse moitié de citoyens crédules ensorcelés, manipulés,
endoctrinés par un gourou malfaisant qu’ils ont eu la faiblesse de suivre sur
le chemin d’une décrépitude annoncée…
Pardonne leur Seigneur, pardonne leur car ils ne savaient pas
ce qu’ils faisaient !...
Forte de cette théorie nébuleuse, qui mieux qu’elle pouvait décliner au reste
du monde les vraies valeurs qui animent le cœur des français, et expliquer à la
communauté internationale que l’autocrate ordurier qui les a embobinés un soir
de mai 2007, occultait la vraie couleur de leurs sentiments ?
Ne cherchez pas, personne d’autre.
Parfaitement abritée du ridicule par un égo gargantuesque en constant
développement, elle n’a pas l’once d’un scrupule à considérer que son titre de
présidente d’une région française (et accessoirement… rien d’autre.) lui
octroie cet apostolat de censeur international.
S’empêtrer dans des postures minables est une pratique archi connue du
personnage, certes. Mais en arriver à s’approprier l’identité de tous ses
compatriotes et en kidnapper la parole pour aller, hors de nos frontières,
dégorger son aversion viscérale de celui dont elle n’a toujours pas digéré la
fessée électorale, il est clair que cette fois on est en face d’un cas d’école
pour experts en pathologies comportementales.
Plus sérieusement, on en vient vraiment à se demander s’il subsiste, dans cet
esprit chaotique, quelques résidus d’une quelconque cohérence qui en ferait
encore un acteur politique susceptible d’être pris au sérieux.
Faire la liste de ses pirouettes politico-évangélistes et de ses nigauderies
verbales a déjà été fait, y compris ici.
Pourtant nous devrons nous y résigner, nous allons devoir nous cogner les
productions ininterrompues de cette véritable usine à inepties sur pattes, et
ce, au moins jusqu'en 2012...
Dramatique…
Fonctionnant selon sa seule logique, puisque la seule défendable, elle
considérait déjà que pour avoir passé les deux premières années de sa vie à
Dakar, elle avait toutes compétences éthiques et morales pour
présumer du ressenti de tout le peuple sénégalais, mais aussi pour lui
présenter des excuses au nom de quelques millions d’individus à qui elle avait
jugé inutile de demander l’avis.
Le tout en exfiltrant une phrase ambigüe d’un discours (certes maladroit) qui
en contient cent autres, et en l’essorant copieusement jusqu’à ce qu’il n’en
sorte plus que quelques goutes d’un jus teinté de colonialisme et pigmenté de
racisme.
La technique est connue, et elle fonctionne…
D’autant plus pour une Ségolène Royal qui n’existe plus, et
qui doit à Nicolas Sarkozy et à lui seul, l’unique opportunité
de noircir la une des tabloïds européens.
C’est donc le même artifice qu’elle utilise avec José Luis
Zapatero, s’accrochant comme une tique à ce nouveau filon qu’elle voit
comme le meilleur outil pour ravaler la façade de sa légitimité décrépie,
ratatinée par une collection impressionnante de boulettes stratégiques,
d’affichages populistes indéfendables, et donc des déboires électoraux qui en
sont la résultante.
Puisant dans la même flaque d’eau stagnante que les chroniqueurs de
Libé, elle va sauter des deux escarpins sur une petite phrase
extraite de son contexte pour en faire l’incident diplomatique opportun sensé
pourrir l’imminent déplacement du chef de l’Etat dans la péninsule
ibérique.
Quoi de mieux donc qu’une bonne pincée de vibrantes excuses dans le plat à
paella, que ses fantasmes de représentativité nationale refoulés lui
autoriseront à distribuer encore une fois au nom d’une population française
toute entière qui ne lui a rien demandé, et surtout pas de s’accaparer
arbitrairement son opinion sur les déclarations des uns et des autres.
Shootée par le buz de son nouveau coup tordu, elle n’entendra même pas les
critiques au sein même de son propre camp, venant pour certaines de ceux-là
même qui étaient présents lors de la discussion dont Libération a cru juteux de
tirer quelques sous entendus susceptibles de semer une providentielle
confusion.
Dans sa jubilation elle oubliera aussi que son ami Zapatero
est un dirigeant politique et un chef de gouvernement responsable, en charge
d’un grand pays, et donc largement au dessus de ces polémiques pour politicards
traumatisés et autres journaleux névrosés.
Quand bien même l’espagnol nourrirait les pires ressentiments vis-à-vis de
N.Sarkozy, il fallait que la présidente poitevine puise au
tréfonds de sa naïveté pour imaginer qu’une missive aux relents accusateurs
suffirait à ébranler les pratiques protocolaires entre deux nations partenaires
et amies, en entrainerait les deux protagonistes dans les mêmes singeries
politiciennes qui constituent son terrain de jeu, et au dessus duquel elle n’a
jamais été foutue de s’élever…
Et ce ne sont pas ses gesticulations hystériques au journal de France 2 qui
relèveront le niveau :
Ségolène Royal vs Pujadas [ITV] Fr2 200409
Il n’est pas inutile, au passage, de rappeler à M.Pujadas
qu’un journaliste digne de ce nom se doit d’être le patron de son interview.
C’est lui qui pose les questions et le questionné qui y répond…
Le même Pujadas dans une rédaction politique anglo-saxonne
serait immédiatement renvoyé à ses fondamentaux, et prié de se représenter avec
la capacité d’exiger de son interlocuteur des réponses précises à ses
questions.
Fin de la parenthèse.
Désormais donc, il faudra s’y préparer. La nouvelle méthode
Royal tournera autour de l’excuse par procuration.
Celle des français dont elle s’est arrogé la signature…
Qu’il en soit ainsi, nous aurons à présent une sentinelle auto proclamée de la
morale juste prête à fondre sur tout ce que Nicolas Sarkozy
salira de son impertinence et de son arrogance.
Nous ne la remercierons jamais assez.
La prochaine étape pourrait bien être un courrier au DRH de la société
Rolex dans lequel la France s’excusera bien
platement d’avoir laissé arriver au pouvoir un individu qui manifestement
ternit l’image de ses produits.
Le comité d’entreprise de Renault pourrait recevoir sous peu
le même plis réclamant que soit accordé le pardon aux citoyens de ce pays pour
avoir permis à ce postérieur indigne de souiller quotidiennement une de leurs
Velsatis.
Ne riez pas, nous ne sommes à l’abri de rien !
J’en
appelle modestement à Dominique Besnéhard, son très influent
coach en technique comportementale et en relooking pour célébrités défraichies,
d’user de sa science infinie pour faire redescendre sa protégée sur cette
planète, déjà pour lui éviter de se gaufrer lourdement pour la énième fois, et
surtout avant qu’elle ne finisse de ridiculiser l’image déjà peu reluisante de
l’aréopage politique hexagonal.
Qu’il s’emploie, dans un souci d’intérêt général, à lui faire comprendre que
les ectoplasmes qui survolent le monde des vivants en l’observant avec les yeux
du savoir global et universel, c’est dans les bouquins de
Werber.
Et puis s’il était envisageable, dans l’état avancé de ses certitudes
établies, de lui transmettre leur gratitude pour ses délicates attentions, mais
qu’elle soit gentille de s’occuper de ses pieds, les français sont bien assez
grands pour s’excuser tout seuls…
Merci pour eux…