Le Devoir de Santé: la preuve par les USA

Publié le 26 avril 2009 par Michelgutsatz

J'ai commencé ce blog en juin 2008 avec une note intitulée "Le Devoir de Santé: un exemple japonais" où je présentais un exemple fascinant de ce que je nomme le devoir de santé. Depuis deux ans environ, dans toutes les conférences que je fais, je mets en avant l'apparition de nouvelles normes sociales auxquelles nous sommes tenus de nous conformer. L'une d'entre elles est le devoir de santé: nous nous devons de tout faire pour être à tout moment en bonne santé. Nous devons bien nous nourrir, ne pas fumer, boire modérément (voire pas du tout): d'où les campagnes sur la nutrition, la lutte anti-tabac, contre l'alcool... Ne pas suivre cette nouvelle norme non seulement met notre santé en danger mais met en danger la société toute entière: nous devenons alors un poids financier pour elle.
Les USA nous apportent un exemple encore plus impressionnant. Rappelons tout d'abord que la couverture sociale y est à la charge des individus et qu'un des critères de choix d'un emploi est le niveau de prise en charge de cette couverture sociale par l'entreprise (son Health Care Plan). Le 14 avril dernier, Steven Burd, CEO de Safeway (la 3ème plus grosse chaîne de supermarchés américains), a déclaré devant le World Health Care Congress: " We took advantage of a little-known fact; that is that 70 percent of healthcare costs are driven by behaviors". En conséquence Safeway a mis en place un Health Care Plan "Healthy Measures" ayant pour objectif de responsabiliser ses 200 000 employés, ce que les américains nomment "Market Based Health Care". Le principe en est simple:

  • Ce programme est fondé sur le volontariat. A ce jour 76% des 30 000 employés non syndiqués se sont portés volontaires (le plan est en cours d'extension aux employés syndiqués qui sont couverts par des plans spécifiques).
  • Chaque employé volontaire (ainsi que son conjoint) accepte de faire un bilan annuel de santé incluant un prélèvement buccal (pour prouver qu'ils sont non fumeurs), la mesure de leurs taux de cholesterol, une prise de tension et la mesure de leur poids.
  • L'objectif étant de lutter plus efficacement contre l'obésité, les risques cardiaques et le cancer, les employés sont "responsabilisés" en liant leurs résultats sanitaires au niveau de cotisation qui reste à leur charge.
  • Des seuils de "bonne santé" sont donc indiqués pour ces indicateurs de risque (pression, taux de cholesterol, poids, tabac).
  • Les personnes dont le bilan est "bon" (environ 75% des volontaires) ont vu leurs primes réduites en moyenne de 800$ par personne et par an.
  • Ceux dont les "mesures" ne sont pas "bonnes" se voient proposer un programme d'amélioration: "To complement our program of incentives, we reinforce the message of good health through a holistic approach and mutually-reinforcing programs available to all employees and spouses – access to the Fitness Center, discounted gym memberships, care management programs, health and wellness programs, information seminars to employees"... et ont une prime 51% plus élevées que les autres.

Ce programme a été un succès: la réduction des dépenses de santé par personne chez Safeway a été de 13%. Chez Walmart - qui a mis en place un programme analogue nommé "Personal Sustainability Project" - "nearly 20,000 associates have quit smoking. Collectively, associates have lost more than 184,000 pounds (83,000 kg)".

Je prédisais dans ma note du 22 juin dernier l'apparition de "centres de rééducation nutritionnelle": nous en avons içi la première matérialisation.

Mais l'exemple de Walmart - illustré par la video suivante - montre que l'entreprise a pris conscience des difficultés rencontrées par leurs employés, des vicissitudes de leurs vies et a souhaité les aider à les surmonter. Fascinante Amérique....