Magazine Journal intime

Un petit canard au bord de l'eau

Publié le 27 avril 2009 par Anaïs Valente

C'est le titre que j'avais choisi pour vous parler de ce beau canard jaune que j'ai reçu en mars dernier.  Pas un canard pour jouer dans mon bain, vous l'aurez compris.  Mais un canard trois vitesses hyper performant et tout et tout et tout.

Je l'ai reçu, puis je ne l'ai pas testé.

Passque j'ai filé à l'hôpital.  Passque j'étais chaque jour à l'hôpital.  Passque quand je n'étais pas à l'hôpital, je pensais hôpital, je vivais hôpital, je dormais hôpital, je rêvais hôpital, à chaque seconde, moi qui ai une sainte horreur de ces endroits qui devraient être interdits par la loi, ou alors redécorés, fleuris et remplis de travailleurs souriants et habillés en rose pétant.

Puis je ne l'ai toujours pas testé.

Passque j'avais quitté l'hôpital pour passer mon temps au funérarium, à l'église, au crématorium, à régler des paperasses, à choisir entre un cercueil clair ou foncé, entre une urne brillante ou mate, entre ce cimetière ou celui-là.  Vous savez, le genre de choix auquel on ne songe jamais avant, passqu'avant, on n'imagine pas que la mort puisse surgir ainsi, sans prévenir, la garce.

Donc je ne l'ai toujours pas testé.

Entre-temps, j'avais reçu un rappel, bien sûr.  J'ai expliqué que vu les circonstances, j'avais autre chose en tête que de tester un canard, quand bien même il aurait trois vitesses.

Puis j'ai repris le travail, avec le sentiment de flotter au-dessus de ma vie, de la voir s'écouler, comme une rivière sur laquelle flotterait un canard jaune (ah ah ah, je n'ai pas perdu mon humour fou).  J'en suis encore là, à subir les assauts de la mort, à me questionner sur le sens de ma propre vie, à être bouffée par les regrets, ou les remords, ou les deux, à me demander si c'est normal de mourir comme ça, pouf, d'un claquement de doigt.  A devoir bosser, passqu'en Belgique, on a droit à trois jours, et basta.  Trois jours pour « tout régler », puis après tu y penses puis tu oublies, et tu fermes ta gueule surtout.  Tu ne peux pleurer que durant trois jours.  Ensuite la vie reprend son cours, passque la vie est plus forte que tout, et surtout passque la mort fait peur et fait paniquer.  Alors tu y penses puis tu oublies.  Et tu te tais.  Et tu testes ton canard.

Mais je n'ai pas testé le canard, occupée que j'étais avec mes interrogations philosophico-psychologiques.

Et j'ai reçu un nouveau rappel à l'ordre.  Pas bien Anaïs, de pas tester le canard.  Là aussi, il semble que j'aie eu droit à un délai « raisonnable », mais maintenant, il faut tester. 

Mais j'ai pas envie de tester.  J'ai pas envie, surtout, de vous faire un billet rigolo sur ce canard trois vitesses orgasme garanti qui décore super bien une salle de bains.  J'arrive pas à écrire rigolo en ce moment, je me sens juste capable d'écrire pathétique.  Alors rigolo niveau vibro, vous pensez bien...

Donc voilà, ce billet pour vous dire que j'ai toujours pas testé le canard.  Je le ferai un jour, c'est clair.  Mais pas tout de suite.  C'est ainsi, et si les vendeurs du canard ne peuvent comprendre le pourquoi du comment, j'en suis navrée mais c'est ainsi.  

En attendant, et bien vous pouvez découvrir les vertus de ce canard magique ici.  Et découvrir tous les articles aux vertus magiques ici.

canard



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