Magazine Journal intime

Mon cochon !

Publié le 27 avril 2009 par Lephauste

J'avais au panthéon de mes animaux de prédilection, un porcelet de bonne allure, un dévoreur colérique qui me tenait compagnie et dont la fréquentation était insupportable. Cochon mon frère, dont aucun morceau n'était laissé à l'abandon et qui de tout ce qui avait l'apparence du comestible, faisait un festin odieux. Cochon qui s'en dédit ! Disait le proverbe. Ce à quoi mon porcelet répondait qu'en matière de dédit, l'homme, son proche parent, donnait de la hure à qui mieux mieux. Car oui, qui mieux que l'homme sait renier sa parole ? Mon cochon, quand le soir venait, s'endormait sur Orwell en priant saint Antoine de lui rendre ce qui ne lui appartenait pas. Et notamment cette brosse en pure soie avec laquelle le bon saint s'époussetait la bure. Ô Tant de bon procès en sorcellerie où aux côtés d'autres infortunés, des truies, des verrats grillèrent en place publique pour expier l'ignorance crasse dans laquelle l'homme se plaît encore à se vautrer, en chien savant, au milieu des "illusions nécéssaires", des "simplifications séduisantes", de cette fabrique du consentement où Noam Chomsky nous conte entre autres vérités, que l'endoctrinement est l'essence même de la Démocratie. Ne grognez pas, c'est un fait. Les dictateurs n'ont pas besoin de notre voix, ils ont assez de la schlague et des nervis pour nous convaincre de n'être rien. La démocratie débat, elle se commente, elle s'en grosse de mille avis concernés et pour finir se trouve un maître, un élu, un prophète du cause toujours, tu m'intéresses.

Mais voila, mon goret, il a fallu que je le saigne. Aurait-ce été pour en faire tripailles, banquets et que sais-je ... de ces repas de famille où en se gavant, on s'épie pour savoir qui ose se resservir alors que l'héritage est désossé et la couenne toute rongée. Mais non, que d'nib ! Il m'a fallu m'en séparer auprès des instances sanitaires, financées par l'industrie de l'agro-alimentaire. H1N1, m'a-t-on dit. Danger de pandémie, hécatombe, grippe d'épagneul, 100 millions de morts ! Vache ! que je leur réponds, c'est fol ! Et le poulet ? Quoi le poulet ? Puis-je au moins le mettre au pot ? Vous possédez poulets ? Pas plus de deux ou trois ! Faites passer, on s'en occupe. Et voila, plus âme qui vive; Je porte un masque quand je vais chez Danone et ne me nourrit plus que de bons produits mutants dont le fabricant me garantit qu'ils sont riches en apports philosophiques. C'est triste je vous le dis, car ce cochon là avait dans le regard ce quelque chose qui me faisait croire en l'homme. Une douce résignation de victime. Ce quelque chose que je ne trouve pas, chez nous, depuis que nous nous entre dévorons, comme des porcs.


Retour à La Une de Logo Paperblog