Elle allait devoir les tuer. Elle ne le faisait pas de gaieté de cœur, mais c’était la loi. Les enfants devaient désormais tuer leurs parents dès qu’ils atteignaient l’âge de 80 ans, une mesure de santé publique. Le décret était sorti il y a deux mois.
La Caisse Primaire d’Assurance Maladie venait de lui envoyer, comme à tous les citoyens du pays, le petit manuel qui avait été édité au début du mois de novembre et qui stipulait que la mort devait être donnée proprement et sans souffrance. Comment en était-on arrivé là ?
Le message du ministre de la santé passait en boucle depuis deux mois sur les chaînes de télé et les radios publiques et, des encarts publicitaires apparaissaient chaque jour dans tous les journaux. Chacun semblait penser que les mesures prises par le gouvernement étaient les seules possibles pour sauver le pays de l’endettement qui le mettait à genoux ; même elle finissait par se dire qu’aucune autre solution n’était possible.
Dans cinq mois, elle devrait les tuer.