Lundi, je suis retournée au cabinet de reclassement. C'était une session d'introduction aux méthodologies du cabinet. J'étais pas tellement enthousiaste, mais au moins, y'avait pas de travail à préparer...
On s'est tous présentés. "Bonjour E l i s !!!!".
Josette, notre animatrice, nous a demandé ce qu'on voulait faire quand on était enfant. Personne ne voulait parler, alors j'ai pris un ton docte et j'ai dit : "Petite je voulais sauver les phoques en Antartique mais j'ai changé d'avis quand j'ai vu Brigitte Bardot à la télé". Croyez-le si vous voulez, ils n'ont pas rigolé.
La fille en face de moi pleurait, on lui a demandé pour son métier de quand elle était petite, et elle a dit en reniflant qu'elle avait envie d'assassiner son ancien employeur (ce qui n'a pas de rapport avec la question posée mais visiblement elle avait besoin de le dire). Tatiana (c'est son nom, mais elle n'en a pas du tout le physique) nous a ensuite expliqué qu'elle avait eu le pire patron de la terre, que la vie était horrible et que la manière dont elle s'est faite virer de son poste de juriste était abominable. Je lui ai dit : "Moi pire". Elle ne voulait pas me croire alors j'ai dû lui raconter comment j'ai fait ma valise en 4 heures, comment ma cheffe n'était pas au courant, etc. Ca l'a calmée.
Ensuite Josette nous a montré des graphiques de tendances dans le recrutement pour 2009 : 1- La Banque, 2- La Communication, 3- L'Immobilier. D'un coup, Tatiana, la juriste, a dit qu'elle voudrait bien devenir responsable communication. C'est là que ça a dégénéré, le type à ma gauche s'est mis à rigoler, moi j'ai dit à Tatiana que ça ne me paraissait pas bien pertinent, en temps de crise, de se réorienter dans la comm', Josette est partie boire un café et les autres ils faisaient des boulettes de papier pour lancer sur Tatiana qui s'est remise à pleurer.
A la pause, j'ai donné le reste de mes klennex à Tatiana, elle a versé une larme pour fêter ça.
Après on a dû raconter nos problèmes personnels. Tatiana a pleuré. On a donc dû écouter le récit de sa vie pas facile... Comme elle avait beaucoup de mal à exprimer ses difficultés et qu'elle commençait à être atteinte de tics verbaux ("C't'enculé de patron", "pute de boite", "salauds de recruteurs"), Josette lui a dit qu'il serait bien qu'elle fasse l'atelier où on se filme et on se regarde après pour prendre du recul. Elle a pleuré.
A 18h12 je me suis envoyé un texto à moi-même et j'ai crié "Oulah ! j'ai oublié mes 5 enfants à l'école, désolée je dois filer !"