"Dactylographie : comme si nous n’étions jamais parvenu à écrire autrement qu’avec les doigts, quoique ; on nous demande pour nous faire vivre une manifestation manuscrite de notre
motivation."
Extrait d'un très beau texte de Pierre Coutelle dans son blog Commettre, sur la machine à écrire, la machine
d'avant l'écran simultané, d'avant le copier/coller. Sur la bête machine à écrire synonyme en son temps d'industrialisation de l'écriture et d'aliénation des dactylographes, et aujourd'hui, dans
sa péremption, objet de méditation sur ce que nous avons gagné à aller plus vite. Texte séparé en deux parties parce que nous avons le droit de prendre le temps, pour écrire, pour lire, et
que ce site est suffisamment beau pour qu'on s'y attarde.
machinécrire 1 / machinécrire 2
(et moi, bien sûr, me touche énormément cette question réactivée du chemin entre la main et le regard : vers quel
ruban d'effacement tournaient nos regards quand l'écran n'était pas face à nous? Question, aussi, du jeu entre la manipulation et l'image, maintenant qu'au clavier s'adjoint un
écran, et comment faire que ce jeu soit honnête et nous grandisse, comment faire pour que nos mains soit maitresses de leurs actes et que nos regards circulent dans les images qu'ils choisissent,
plutôt que de rester fascinés comme des petits lapins dans les phares? Et du coup je re-cite Pierre Coutelle parce que pourquoi s'en priver :
"L’ordinateur est l’immédiateté factice de l’écran, ce que l’on y voit est toujours interprétation, rendu, mise en forme. Plus cela paraît immédiat et simple plus l’écart du produit au rendu est
grand.
Incise : même immédiateté factice du désir marchand, rendre invisible la chaîne
immense qui rend une chose désirable à acheter, tout partout, n’avoir qu’à tendre la main, la carte à sortir vers ce scintillement de chalandises. Nous savons pourtant, par Schwob, que sous le
masque d’or le roi est mort. -"