Taz ? Oui, c'est moi !

Publié le 29 avril 2009 par Tazounette


En ce moment, je ne sais pas, j’ai comme des grandes bouffées de sentiments très forts…

Je ne sais pas comment expliquer. C’est à la fois la nostalgie, la fierté, l’amour, la mélancolie face à un spectacle qui m’émeut…

Ce n’est pas constant. C’est même un sentiment que j’éprouve rarement. Ca fait partie des perles, des pépites dont je parlais l'autre jour (à ce propos, Chou et Mac vous n'avez pas répondu au Tag !), des moments où tout est fait dans la sérénité, où l’on se sent presque en avance sur sa propre organisation. Tout roule et donc il ne nous reste plus qu’une chose à faire : regarder, admirer…

Mes filles grandissent. Jusque là tout est normal. Mais prise dans le rythme effrenné de cette vie de maman solo (juste la semaine, désormais, (soupir)), les moments de vrai pause sont rares. D'autant plus rares qu'on se fond dans ce rythme et qu'on en rajoute, souvent... Alors, quand parfois, tout s'estompe enfin, c'est un soulagement...
La petite change beaucoup ces derniers temps, c’est flagrant chez elle, parce qu’il y a encore quelques temps, elle était encore un grand bébé et maintenant elle devient une vraie petite fille (Elle l'a même dit à son papa hier soir au téléphone : "Je deviens grande, tu sais, papa !", toujours avec son cheveu sur la langue et sa façon si espiègle d'appuyer sur les syllabes importante...). Elle a toujours ses petits poignets boudinés, ses bonnes joues rondes et charnues, ses petites mains potelées… Pourtant elle a grandi d’un coup. Elle stagnait en poids et taille depuis longtemps. Et voilà qu’elle peut mettre les vêtements de sa sœur. Ceux que sa sœur n’a pu porter qu’un seul hiver, même pas entier (oui, certains jours c’est encore l’hiver ici, le temps change vite dans nos contrées).

La grande aussi, a franchi une étape. Elle vient de fêter ses 4 ans. Je ne saurais dire. Une confiance en elle, une aisance qu’elle a trouvée d’un coup. Sa langue se délie, il y a des verbes à chaque phrase, elle parle donc d’action, désormais. Elle raconte, elle enrichit son vocabulaire. Je l'écoute, je la corrige sur les conjugaisons incertaines, parce que je m'intéresse à tout ce qu'elle me dit, quand je ne comprends pas ce qu'elle veut dire aussi, je le lui dis. Soit elle reprend, soit l'idée étant encore confuse, elle se tait et embraye sur autre chose... Elle, qui continuait d’écorcher les mots pour continuer à faire bébé, de peur que je ne l’oublie en m’occupant (trop) de sa petite sœur. La voilà qui revendique d’être grande ! 


Et ça s’est fait d’un coup !

Elle aide sa sœur ou parfois la bouscule. Elle commence à riposter quand je me mets en colère et que je suis injuste (oui, il m’arrive de m’emporter sans avoir vu la scène) et je sais m’excuser quand j’ai tort.

Je ne sais pas.

Je sens pour nous trois que nous franchissons une étape. Ca me touche énormément. Ca me bouleverse même… J’ai eu si peur pour mes amours en prenant la poudre d’escampette ! Peur de foirer, de rater, de me ramasser et de ne pas réussir là où ma petite voix le savait bien…

Je vois mes filles épanouies et heureuses, confiantes. Je sais que nous sommes parvenues à un sacré équilibre ! Et quand je remonte le temps parfois et me souviens de notre arrivée ici, à Bruxelles, je me sens fière. Vraiment fière ! Parce que, toute seule, je nous ai amenées là où nous en sommes aujourd’hui ! 

Certes, depuis quelques mois je me sens bien plus forte parce qu’à mes côtés, j’ai mon amoureux. Et pas n’importe lequel ! Un homme merveilleux, rien que pour moi ! Oh, je sais qu’il est modeste et qu’il n’aime pas trop quand je dis ça. Parce qu’il ne le croit pas vraiment… Ou de toute façon il dira que c’est « normal ». Pourtant, grâce à lui, je suis… Je suis, je vis intensément, je m'épanouis (au sens large et restreint, d'ailleurs), je suis MOI. La femme et la mère, indifféremment. Et cela me permet, par voie de conséquence, de profiter pleinement de tout ce que je suis, dans l’instant. D’être donc meilleure mère quand je le suis, meilleure femme quand je le suis, et même d'être femme et mère en même temps... Parce que l’une et l’autre se nourrissent en permanence…

Et je sais que c’est ça qui me donne cette confiance qui me permet de tout envisager désormais.

Même de partir d’ici.

Parce que je sais que si nous partons, si nous nous installons ailleurs, j’emporte tout avec moi. Tous ces bienfaits. Toutes mes réussites. Rien n’est jamais dépendant d’un lieu unique. Ce sont les personnes qui comptent et rien d’autre.

Le lieu est une circonstance.

 
Bruxelles est une circonstance parmi d’autres. La circonstance qui m’a permis de tout nettoyer, de faire peau neuve et de tout réenvisager, autrement, en exponentiellement mieux qu’avant...

Je ne sais pas pourquoi je suis en train de faire un bilan.

Quelque chose se fait dans ma tête, presque indépendamment de ma volonté… Je sens qu'une page se tourne, qu'une autre se profile. Comme si j'étais déjà dans les starting-blocks. Déjà en partance, dans ma tête, vers autre chose qui m'appelle...

J'agis toujours ainsi quand je sens ma chance quelque part.
Comment dire. Je n’ai pas seulement de la motivation pour un nouveau job que je convoite. Au départ, l’idée même de nouveauté me fait paniquer. Puis je l’apprivoise. Je m’investis totalement dans la candidature si bien que c’est un peu comme si je « vivais » cette nouvelle perspective. Je fais ce projet entièrement mien. Comme s’il faisait partie de moi de façon incontournable. Et ce n’est qu’une fois que ce choix est fait que je peux sereinement me présenter pour l’entretien si toutefois j’ai la chance de l’obtenir. En général, l’entretien se passe bien. Et le projet devient.

Je crois que toutes mes candidatures se sont passées de cette façon-là depuis que j’ai commencé à bosser pour la Commission.  Je me présente en sachant que le job sera à moi. Je sais quoi dire, comment agir pour convaincre. C’est une motivation qui me surpasse. Je ne choisis pas n’importe quoi. Je ne me présente pas à n'importe quel poste. C’est juste des opportunités clés. Je ne m’éparpille pas. J’analyse, je trie et je n’envoie de candidature que là où je saurais faire valoir qui je suis, essentiellement quand le job me correspond…

Pourtant, lorsque durant la formation de secrétariat, nous nous mettions en situation pour des entretiens avec notre professeur de communication, je peux dire que j’en ai chié avant de parvenir à me présenter. Ce qui me posait problème dans mon CV c’était d’être passé d’instit à secrétaire, de ne parvenir qu'à tourner la fin d’une telle expérience comme un cuisant échec sans trouver la façon d’amorcer le nouveau choix de carrière. Je butais constamment sur les questions titillant là-dessus. J’en pleurais, dès que le prof grattait un peu. Et ces exercices, on ne les faisait pas juste en face du prof, en face à face. Non, devant la classe entière ! Devant 14 autres secrétaires qui ramaient pour les entretiens comme moi… C’était dur. Et ce satané prof nous amenait à bout. Il grattait. Il posait des questions dès qu’il sentait une faille. Et j’en chialais de ne pas parvenir à assumer mes propres choix de façon verbale, assurée. Jusqu'au jour où j'ai trouvé la façon, avec humour, tourner en dérision le choix du coeur pour revenir sur un choix raisonnable...

J’ai raté quelques entretiens à la Commission, aussi, il faut voir comment, mais c’était toujours des postes qui ne me correspondaient pas. Jamais un hasard quand je foirais.

J’ai appris pendant cette formation à analyser suffisamment les personnes composant l’auditoire. Savoir attendre, posément, que la personne parle. Détecter dans sa façon de poser les questions ce qu’elle souhaite entendre. Comme un radar. Vous lisez dans la personne, avec le sourire. Pas niais, le sourire, hein, intelligent ! Vous êtes là, vous êtes à l’aise parce que c’est cette personne qui a besoin de vous, c’est elle qui cherche quelqu’un. Et vous pouvez être cool, parce qu’il a de la chance, vous êtes cette personne là !…

Aujourd’hui, bizarrement, j’aime bien les entretiens d’embauche ! J’aime le trac qui précède, parce qu’il prouve l’importance de ce qui va s’accomplir ! La vie peut changer en une petite demi-heure ! Et j’aime cela. Je trouve ça fort grisant !…

Bref, on dirait que je vous parle de quelque chose de déjà acquis, alors que je n’ai même pas envoyé ma candidature !… ;o)

(soupir)…

Vendredi soir, en sortant du boulot, le temps était radieux. Je savais mon amoureux occupé toute la soirée. Je n’avais pas envie de rentrer et de faire de cette soirée une continuation de notre train-train à toutes les trois.

J’ai eu un brin de folie. Déroger à tout prix !

J’ai récupéré mes filles à l’école puis à la crèche et lorsque nous étions toutes les trois harnachées dans la voiture, nos visages léchés par les rayons du soleil, je leur ai proposé de faire différemment de d’habitude.

Elles irradiaient de bonheur. Nous avons donc pris la route pour le parc qui nous a vues l’an dernier de façon si habituelle. Chaque week-end ou presque. C’est à la fois un parc animalier rassemblant une bonne partie des animaux de la ferme et une immense aire de jeux aux multiples toboggans, balançoires où les petits peuvent tenter mille acrobaties.

Les filles ont souhaité commencer par les jeux. Et je les ai regardées grimper aux toboggans, sans plus avoir besoin de moi. Sauf la petite. Ils se sentent obligés de mettre la première barre d’une pseudo-échelle de toboggan bien plus haute qu’une jambe de petit bouchon. J’ai donc aidé ma petite à grimper cette première marche, et puis ensuite, elle a trouvé seule ses appuis, et concentrée, elle s’est hissée jusqu’en haut, jusqu’à s’asseoir pour mieux glisser et descendre…

Cela m’a émue. Et elle était heureuse à chaque descente rien qu’à l’idée de remonter juste après.

La grande aussi a continué à progresser, à faire d’autres acrobaties dont elle ne se savait pas capable.

Ensuite, fatiguées par leurs efforts, elles m'ont demandé à faire le tour des animaux, regardant foison de lapins tous différents, de poules, de canards, de cygnes, de « biquettes », faisans… Bref, tout ce qui fait une jolie basse-cour. Elles  s’arrêtaient devant chaque animal, souriaient, riaient, chantaient ou racontaient des histoires…

Puis, nous nous sommes arrêtées au petit restaurant au bout de la rue « chez mamie Louise ». Un petit restau coquet où l’on mange bien et pour son argent. Ils sont sympathiques, n’hésitent pas à faire des plats juste pour les filles, même si ce n’est pas sur la carte… Ce soir-là, il n’y avait que des retraités. Tout d’abord inquiets de me voir entrer avec deux jeunes enfants. J’ai senti qu’ils se détendaient au fur et à mesure de la soirée.


Certaines vieilles dames me faisant des signes : pouce en l’air, me signifiant la bonne éducation de mes merveilles…

C’est sûrement la raison pour laquelle j’aime retourner dans ce restau…

Les filles se sont couchées fort fatiguées ce soir-là et fort heureuses aussi. Et elles m’ont dit à quel point c’était « super, génial »…

Qu’il est doux, qu’il est doux d’être sereine dans sa tête, de se sentir aimée(s), de ne plus être une barque poussée aux 4 vents…  
Je suis une barque, je suis celle qui tient les rames à l’intérieur et file droit devant, sans vraiment connaître son but, elle a son point fixe au cœur et ça lui suffit, désormais, pour ne plus baisser la tête… Je regarde le ciel, je regarde droit devant et j’avance. Je sais ce que je cherche, même si je ne sais pas encore comment l’atteindre vraiment. Je fonce et je sais que je m'approche…

Et cette assurance nouvelle que je sens grandir à l'intérieur de moi. Cette quiétude d’être sûre d’être capable de tout… Enfin sûre de moi…

Pouvoir me laisser aller à la spontanéité, l’imprévu sans aucun stress, c’est du bonheur en barre…

Et ma sérénité… Elle vient de moi… Elle vient de "nous". Nous 2, nous 4...

De cette certitude que j’ai désormais de faire les bons choix sur tous les pans de ma vie, de nos vies.

J’ai foi en moi.

Et ça c’est une vraie révolution !!!!