Poussières

Publié le 29 avril 2009 par Lephauste

Mais pour commencer, une recette de cuisine : Le Sandwich au jambon beurre cornichons, sans beurre ni cornichons, hum ! (à l'attention des suicidaires mais qui ne voudraient pas faire de la peine aux leurs en disparaissant d'une longue et douloureuse maladie. Et pour éviter ce faisant les visites pénibles à l'intubé/perfusé/parfumé au formol, qui non content de mourir lentement, n'a jamais rien à dire ni n'est même pas content du bonheur des autres : Tiens, Gérard s'est taillé avec ta femme !) :

Rendez vous dans le hard discount mexicain le plus proche de chez vous, demandez au charcutier, celui qui vire selon les cours du porc, du rose vif au violacé apoplectique, deux tranches de jambon reconstitué au salpètre (où sel rose pour les initiés). Bien cuit ! Vous demandera le charcutier. Alors,  vous approchant de l'étal, la langue en gelée et les pieds paquets vous lui susurrerez : Bleues si possible ...

Puis si possible et recomptant les pièces jaunes vous vous fournirez d'une baguette craquante à la farine de plâtre, pour les ulcères. Mais si vous voulez pousser l'exotisme à son paroxysme le plus charmant, des fajitas feront tout aussi bien l'affaire. Et là, fiévreux déjà un peu, la gorge en feu vous rentrez chez vous, vous balancer la baguette aux pigeons en passant. Ou aux roumains, si vous vous sentez l'âme alter-mondialiste. L'escalier de la mansarde vous résiste, un escalier d'ultra gauche, vous flageolez, vous suez, vous arrivez dans la cuisine où rien n'a cuit depuis une semaine. Et sous l'oeil médusé des eaux grasses où croupissent les nouilles honnies, pâles comme la droite de gouvernement, vous empiffrer les tranches, gras compris. Ne mâchez pas trop, c'est mauvais pour les caries. Sentez vous à présent comme cela va de plus en plus mal ? Non ? Alors allumez la télévision, c'est l'heure des informidables.

Le beurre ? Les cornichons ? Oui c'est vrai, il n'y en a pas dans cette recette. Mais essayez pour voir d'ouvrir un bocal, d'en sortir LE cornichon et de le placer, l'air de rien sur le tapis roulant de la caisse. Pas de code barre ? vous dira la caissière qui elle porte un masque de plongée spécial cochon volant et des gants beurre frais, pour le chic. La honte sur vous et vos petites pièces.

Bon à présent, Poussières. De la poésie politique, de la littérature de blog sans H1N1 dedans : Boud ! Boud ! Boudin ! (Odeur : 1980 no sex).

Tant la marge s'étend, devient vaste, s'octroie l'espace de nos vies, vaste, que nous y serons tous, bien tôt. Les aveuglés et les autres, les rescapés et les autres, les intégrés et les autres, les rêveurs et les autres, les cyniques et les autres, les rieurs et les autres. Déchaussés, haillonneux, hagards, édentés, affamés aux ventres enflés de borborygmes, de rag times caverneux. Tous et les autres aussi !

Soulevés que nous serons comme la poussière sous quoi, qui, moi ? Non ... nous avons laissé s'ensevelir l'unité sans laquelle il n'y a plus d'humanité. Poussières levées de nos asiles comme la volaille cardiaque, électrocutée, portée vers l'abattoir. C'est que nous ne lisons plus le monde, nous le convoitons. Switch it on ! Switch it off ! Nous nous l'offrons par éclats ! Mets le sur vibreur ! Convoitons nous les uns les autres !

Maître ! Maître ! Nous ne sommes plus rien, voila ! Et ainsi, tu n'es plus rien, non plus.