Feu d'artifice (Réaction n°2)

Publié le 25 juin 2008 par Everlastingdts

C'est un feu d'artifice où chaque explosion
Brise un lien et vous plie de douleur
Il semble que c'est votre cœur qui scintille
Des ses propres fragments dispersés.
Il semble qu'un jour vous-même partirez
Là-haut rejoindre les nuées,
Flèche de feu puis molle et faible lumière
Qui se noie dans la braie du soir.
Le soir enflammé pourtant par les centaines
D'autres étoiles qui scintillent et les centaines
D'autres couleurs qui éclatent aux acclamations.
C'est un soir d'été à l'ombre des grands hommes
Au lueurs du futur et des étoiles montantes.
C'est le soir où chacun s'appuie à deux mains
Pour regarder l'horizon, et les mèches s'allument
Et le temps se raccourcit pour aller haut,
Plus haut que jamais et rejoindre Paris,
Effleurer les toits, à Tokyo, de Saint-pierre
Au firmament.
Chacun son zénith sous les applaudissements.
C'est un feu d'artifice où rien n'a changé.
C'est mon feu au vent, à la pluie, qui se prenait pour les grands.

Le décollage était fabuleux.
Jamais dit-on
Le ciel n'avait été si blanc à mes pieds.
Je voyais des yeux à chaque doigt pointé,
Un regard qui retenait son souffle
Qui s'ouvrait grand dans chaque bouche.
J'étais parti en trombe et droit vers la lune,
Suspendu à mon cœur, une main serrée en poche,
Le regard fixé et un sourire en coin.
Il est si beau de les voir défiler
De les voir minuscules au dessus des toits.
On aperçoit la mer.
C'était un départ bruyant aussi, retentissant
De pieds et de mains sur les planches
Les tribunes tout autour de la scène.
On pariait sur la forme et sur la couleur
Après le brasier qui m'avait propulsé.
Je m'élevait dans les fumées et m'en échappait
Pour monter plus haut, plus haut que jamais
Où l'air était encore vierge de la main de l'homme.
Ce furent des secondes de glace
L'air piquant d'une grande attente
Et le frisson des premiers soupçons.
Et puis le silence.
Un vide douloureux qui s'abat sur ma nuque
Une porte qui s'ouvre enfin, sous mes pieds
Et des regards vides, tout aussi froids
Que ce vent qui avale dans le noir
L'une après l'autre, les petites étincelles.
C'est le silence des verts, des jaunes et des bleus
Des roses, des oranges, des nuances
De tout ce qui n'était qu'à deux doigts,
Qu'à une bouffée d'air ravagé, l'air prostitué
Des marches depuis longtemps gravies.
Le silence des choses qui se meurent
A l'ombre des flammes qui s'embrasent
En sulfure au-dedans, comme les pics
Et les fouets de l'éternelle punition
Derrière la vitre polie, transparente sur l'absence
De mon cristallin.
Le décollage était réussi...