Thibault est Nadja. Nadja est Thibault. La septième des clefs. La première des énigmes.
J'aime danser dans les mains comme tournent les cartes, m'embarquer dans des parades sauvages sans tête ni queue, dans des labyrinthes égyptiens aux vibrations des pôles, déréglant les cœurs et fouettant les mœurs. J'aime les regards vagues éperdus crevant de déception, dénichant la folie parmi les mots et fusillant les hérétiques. J'aime les athlètes qui crachent sur les haies et les élèves qui fuient les jours J.
Je suis l'éternel promeneur solitaire parlant aux bois, l'espérant haut vivifié par des accès de valeur. L'issue de secours dans ma salle éteinte, quand les images là-haut sont trop fades, claires obscures et démodées, est un tableau nommé abstrait. Un tableau en rond et en carré, un tableau immense et ondulé, une colonne tempérée vers l'hiver ou bien l'été.
Je mâche des feuilles de lauriers sur mon piédestal doré en vomissant des phrases inutiles. Les pierres décrivent un cercle salé qui m'enchaîne, m'enferme, me camisole dans la plus haute chambre de la plus haute tour. Mes dires signent chaque jour l'excommunication progressive de la commune aux thés rationnels et mes pas ailés me portent loin, très loin des métro boulot dodo aux cent mille hiéroglyphes.
J'immigre chaque jour dans la capitale du rêve, ma terre familière, domaine des sens et des choses qui parlent sans vouloir dire. Je sens un peu mon cœur s'alléger parmi les fleurs visionnaires et les pierreries qui chantent au crépuscule universel. Mes sens se dénudent et savourent le souffle des lettres qui les effleurent, l'inspiration des plus grands qui m'entraîne aux horizons blancs, vers les portes immaculées, si grandes, qu'il me reste à ouvrir.
Mon coeur est un gosse aux grands yeux mystérieux