« Je n’ai pas droit aux rêveries :
je suis un dieu, je dois créer.
Je n’ai pas droit au simple amour :
Je suis un dieu, je passe aux actes.
Je n’ai pas droit au mois de mai :
Je suis un dieu, voici décembre.
Je n’ai pas droit à la musique :
Je suis fracas, je suis rupture.
Et je n’ai pas le droit d’interroger
La banquise, l’azur ou l’océan
Puisque j’en suis le responsable.
Je n’ai pas droit au dialogue :
je suis le dieu, et Dieu est seul.
Et le silence, y ai-je droit ?
Je suis un dieu, je dois convaincre.
Et à ma mort, y ai-je droit ?
Je dois être immortel : c’est mon destin.
Puisque je suis un dieu,
j’ai droit à la divinité
mais je ne sais laquelle. »
Alain Bosquet, in Le tourment de Dieu (1985)