Parmi eux, un jeune sculpteur Asalef Teketel me conduit à une balade à travers les studios et les galeries en plein air, lieux de création et d’exposition permanente ouverts aux visiteurs.
Il ne me faut pas longtemps pour comprendre que je suis ici au milieu de l’un des plus importants viviers de créateurs d’Addis Abeba. Mieux, il s’agit sans doute du pôle de création contemporaine le plus fascinant et le plus innovant qui soit en Ethiopie.
The Train / Installation, assemblage de pièces métalliques / Endale DESSALEGN
Ce collectif d’artistes s’est fondé sur quelques constats simples et une conception “alternative” de la diffusion artistique. Premier constat: les plasticiens professionnels éthiopiens (“full time artists”), autodidactes ou diplômés de la Fine Art School, sont si nombreux qu’il devient impossible de trouver une place sur les cimaises des galeries d’art.
Deuxième constat: face à cette offre artistique pléthorique, les galeristes réagissent par une politique de sélection de plus en plus drastique, qui favorise le classicisme et exclue souvent les esthétiques plus contemporaines; politique qui, par une relation complexe de causes à effets, se traduit par une dévaluation progressive de la valeur marchande des oeuvres, du moins de celles des artistes de la nouvelle génération.
Troisième constat: la demande crée l’offre. Les acheteurs et les collectionneurs restent essentiellement consommateurs de produits artistiques porteurs des gènes de l’iconographie et de la symbolique patrimoniale et historique éthiopienne. Les dérives contemporaines intéressent certes, mais à condition qu’elles se réfèrent à la matrice de l’imaginaire visuel née sur les hauts-plateaux d’Ethiopie il y a plus de mille ans. Sinon, le doute perdure quant à la “qualité” de l’oeuvre d’art.
The Patriots
Asalef TEKETEL / 2008 / h:env. 100 cm (bois, tissus, peignes…)
(sans titre)
Endale DESSALEGN / env. 100X200 cm (technique mixte, assiettes en inox)
Ainsi, à défaut de lieux appropriés, à défaut d’une inflexion significative d’un marché pourtant en pleine émergence , à défaut d’une demande suffisant forte, qui sont autant de facteurs exogènes d’évolution du système dans lequel ils tentent de trouver leur place, les plasticiens les plus “contemporains” n’ont que peu de chances de faire carrière, d’accéder à la reconnaissance et de vivre économiquement de leur travail.
C’est donc en réponse à cette situation, que le collectif “Asni Group Art” s’est constitué, en se donnant pour objectif d’imposer sur la scène culturelle éthiopienne, un espace permanent de création et de diffusion dédiée aux expressions artistiques contemporaines.
Vue sur la vieille bâtisse qui abritent le studio des peintres
Alemayehu REGASSA, Asalaf TEKETEL, ALEYU, Daniel ALEMAYEHU, Demissie GUIRMU, Endale DESSALEGN, Genet ALEMU, Helen ZERU, Henock GETACHEW, Hirut GIZAW, Konjit SEYOUM, Mihret KEBEDE, Mulugeta KASSA, Ruth ADMASSU, Solomon TSEGAZEAB, Tewodros GIRMA, Tesfahun KIBRU, Tamrat GEZAHEGN, dont les oeuvres investissent dans ce “village des arts” pas comme les autres , témoignent d’un courage et d’une détermination qui suscitent l’admiration.
Vue sur la galerie d’exposition / Asni Art Village / mars 2009
Close to french Embassy, inside Ferensay Park
Addis Abeba, Ethiopia
asniartvillage@gmail.com
NJ
jm@icipalabre.com