C’est donc cela, ce que l’on ressent lorsque la mort vient à frapper notre porte.
Cette sensation de tomber en arrière, cette pression qui écrase ma poitrine, ce picotement qui envahi mes yeux.
La lumière décroit déjà, les couleurs deviennent fades, insipides, ammorales. Pas de but, pas de raison, c’est bien ici la fin de la vie que j’ai mené. Je n’arrive pas à bouger les doigts. Pas plus que mes jambes, mes paupières. Ce que j’entends s’estompe. Ce que je perçois devient diffus. L’obscurité me saisie. Je tombe… Je tombe encore. Une chute qui n’aura de fin que le néant. La négation du moi, la fin du je. C’est en cette fin, que j’ai combattu en vain… L’enfer est-il au bout de la course ? Je ne sais pas. J’ai peur de ce que l’obscurité scintille. De ce qu’elle laisse fuir. Mes pensées, mes souvenirs… Ils sont après avec moi dans l’absolu. Se délitèrent, se combine, se fondent, mordent, attaquent. Ma vie m’apparaît comme un tout, un ensemble… Un sous-ensemble de ce qui m’entourent. Ils sont nombreux autours de moi, à tomber, à chuter…
La petite mort est un froid de l’éternité, le froid est ce qui dessine la mort du moi, sans cela je ne suis ni torrent de vie, seul et avide, il faut savoir mourrir pour qui veut vivre… Et pourquoi donc le dire, si ce n’est ce que j’ai écrit ce matin au coin d’une feuille. Une sculpture dans l’abîme, avant la bataille, avant de chuter en armure… Un morceau désué d’existence, une envie d’ennivrance… Je n’arrêterais pas la chute. En sentence connue, il me reste à attendre pour connaître son but.
— Eleken,
Ainsi est la vie, ainsi se vit le temps