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L’épidémie silencieuse

Publié le 04 mai 2009 par Fbaillot

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Le palmarès mondial de la malnutrition : pourcentage de la population souffrant de malnutrition (source FAO - 2005)

Je ne suis pas médecin. Et j’ai encore moins la prétention de vouloir me glisser dans la peau d’un rebouteux. Mais je trouve qu’on fait vraiment beaucoup plus de bruit  qu’il n’en faudrait autour de la grippe porcine.

Pourtant, il faut prendre au sérieux les risques récurrents d’épidémie de grippe, qui ont déjà sévi dans un passé pas si lointain. Je me rappelle notamment de la “grippe de Hong Kong”, qui avait causé la mort d’un million de personnes en 1968, et l’on sait que l’épidémie de grippe espagnole avait fait 100 millions de morts en 1918.

Depuis Pasteur, la première des précautions qui s’impose c’est la prophylaxie, le lavage des mains, le mouchoir, voire le masque pour les personnes les plus exposées. Mais la machine médiatique débouche très facilement sur des emballements dont on se demande ensuite si on ne pouvait les éviter. Et notre très française ministre de la Santé donne un peu l’impression d’avoir trouvé un bon grain à moudre pour restaurer sa légitimité.

Je trouve surtout qu’un tel déchaînement fait passer au second plan une épidémie dont on s’accommode sans ambage depuis des lustres. Chaque jour, 20 000 personnes décèdent de la faim dans notre bas monde, dans l’indifférence totale. Pour eux, pas de point de presse, pas de masque en bec de canard. On sait pourtant parfaitement comment combattre ce fléau. En gros, il faudrait que les économies développées consacrent chaque année une trentaine de milliards de dollars pour reconstruire les économies agricoles des pays les plus pauvres. Une broutille quand on entend les montants astronomiques des aides destinées à sauver la finance déconfite.

Je sais, ce n’est pas au moment où l’on soigne une bronchite qu’on va donner sa couverture aux voisins.

Je ne suis pas guérisseur, je ne suis pas non plus devin. Mais cela n’est pas nécessaire pour comprendre qu’on ne meurt pas indéfiniment en silence, et que les déséquilibres que devront redresser nos enfants seront à coup sûr causés par les filles et les fils des paysans du Rwanda, de Sierra Leone ou du Tadjikistan. Ceux-là viendront chercher chez nous un peu de l’opulence relative et du confort que nous aurons refusé de leur préparer aujourd’hui.


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