En attendant les élections européennes : l'objection de conscience

Publié le 05 mai 2009 par Micheljanva

Au-delà de toute idéologie, de la défense d'une position ou de l'attaque de celle d'autrui, on relira avec profit ce discours de Benoît XVI prononcé à l’occasion des cinquante ans des Traités de Rome au congrès de la Commission des Épiscopats de la Communauté européenne (COMECE). Quelques points clés :

  • Refus du mal, fut-il moindre :

"Une communauté qui se construit sans respecter la dignité authentique de l’être humain, en oubliant que chaque personne est créée à l’image de Dieu, finit par n’accomplir le bien de personne. Voilà pourquoi il apparaît toujours plus indispensable que l’Europe se garde d’adopter un comportement pragmatique, aujourd’hui largement diffusé, qui justifie systématiquement le compromis sur les valeurs humaines essentielles, comme si celui-ci était l’inévitable acceptation d’un prétendu moindre mal. Ce pragmatisme, présenté comme équilibré et réaliste, au fond ne l’est pas, précisément parce qu’il nie la dimension de valeur et d’idéal qui est inhérente à la nature humaine".

  • L'objection de conscience :

"De plus, lorsque s’ajoutent à ce pragmatisme des tendances et des courants laïcistes et relativistes, on finit par nier aux chrétiens le droit même d’intervenir en tant que tels dans le débat public ou, tout au moins, on dévalorise leur contribution en les accusant de vouloir sauvegarder des privilèges injustifiés. A l’époque historique actuelle, et face aux nombreux défis qui la caractérisent, l’Union européenne, pour être le garant valide de l’Etat de droit et le promoteur efficace de valeurs universelles, ne peut manquer de reconnaître avec clarté l’existence certaine d’une nature humaine stable et permanente, source de droits communs à toutes les personnes, y compris celles-là mêmes qui les nient. Dans ce contexte, il faut sauvegarder le droit à l’objection de conscience, chaque fois que les droits humains fondamentaux sont violés".

Telles sont les paroles du Saint-Père et elles ne sont pas "du moralisme, de la bienséance ou des bons sentiments". Elles participent à la formation de la conscience et à sa défense. Ce que rappelle le Pape, c'est le devoir impérieux pour chacun de poser des actes conformes à sa Foi; c'est tout simplement le devoir de former et d'éclairer sa conscience et non de se donner bonne conscience, voire de la formater - et de proposer de formater celles des autres - sur ses propres idées, ses propres choix.

Alors, "voter en conscience" - si cette expression a du sens - signifierait pour un chrétien avoir un geste au moment du vote en corrélation parfaite avec sa Foi et l'enseignement de l'Église qui est fondé sur la Vérité. Et si, en conscience, le chrétien n'a pas trouvé de bons choix, il doit ne pas prendre parti. Enfin, une décision "en conscience" se prend seul.

C'est principalement pour ces raisons que l'on ne peut être d'accord avec cet article de François de Lacoste Lareymondie qui, justifiant un parti pris en 2007 appuyé par un bilan à venir, cherche à orienter les consciences, non tant vers le devoir du chrétien de "voter en conscience", que vers un bulletin précis. Le tout au nom d'un impérieux  devoir de combat. Sur ce point et pour être sûr de mener le bon, je préfère les propos du Pape en conclusion de ce même discours qui prône un combat sans aucune compromission avec le mal :

"Chers amis, je sais combien il est difficile pour les chrétiens de défendre inlassablement cette vérité de l’homme. Mais ne vous lassez pas et ne vous découragez pas !

Vous savez que vous avez le devoir de contribuer à édifier, avec l’aide de Dieu, une nouvelle Europe, réaliste mais non pas cynique, riche d’idéaux et libre de toute illusion ingénue, inspirée par la vérité éternelle et vivifiante de l’Evangile. Pour cela, soyez présents de façon active dans le débat public européen, conscients que celui-ci fait désormais partie intégrante du débat national, et unissez à cet engagement une action culturelle efficace. Ne vous pliez pas à la logique du pouvoir pour lui-même !

Que l’avertissement du Christ soit pour vous un encouragement et un soutien constant : si le sel vient à s’affadir, il n’est plus bon à rien qu’à être jeté dehors et foulé aux pieds par les gens (cf. Mt 5, 13).

Que le Seigneur rende fécond chacun de vos efforts et qu’il vous aide à reconnaître et à valoriser les éléments positifs présents dans la civilisation actuelle, en dénonçant toutefois avec courage tout ce qui est contraire à la dignité de l’homme".

Lahire