Des matins comme celui-ci… Combien y en aura-t-il ? Avant que la douleur ne s’estompe, avant que la grisaille ne retombe. C’est comme un alcoolique abruti de narcoleptique, que j’ai l’impression d’avancé dans la vie. Une aube dans le brouillard. Des années à mal dormir, et pour finir, une absence qui me déchire. Il n’y avait rien de plus à faire, c’était le choix logique… J’emmerde la logique, mais je ne puis à nouveau… Je me sens vidé de toute substance ou force. Contaminé par la déchéance et l’humanité. Si seulement Dieu n’était pas si moqueur. Si seulement il me laissait mourrir en paix. A croire que le temps, les éléments, le déchaînement, que rien n’est suffisant… Attendre est le pire des châtiments. Et pourtant, je n’ai pas d’appétit pour ce monde qui s’ouvre à moi… Peut-être demain, mais aujourd’hui je saigne, je panse les plaies… Guerriront-elles jamais ? J’ai perdu un jour le pouvoir des mots, comme un pétale, les mots se sont envolés, j’en ai été privé… D’abord le déni, ensuite la colère, après la négociation ou la résignation avec moi-même… Je crois qu’arrive maintenant la phase de dépression (plus ou moins longue disent les livres)… Puis l’acceptation (pour après quand j’aurais épuisé tout ce qu’il me restait à pleurer). Le deuil, pourquoi est-ce si bien documenté ? Tristesse et remise en cause voilà ce qui est écrit. Pouvais-je autrement ? Probablement. Pouvais-je faire plus ? Je ne le crois pas. Il est écrit qu’un jour je reprendrais goût à la vie. C’est dans le livre. Dois-je le croire ? Je présume que si ce n’était moi, je dirais oui… Pour le moment, je vais dire que je m’en balance.
— Eleken,
Pour ceux que ça intéresse de lire ceci